Comme lors de tout festival qui se respecte, il arrive un moment où l’on doit faire un choix drastique, choisir entre un artiste plutôt qu’un autre, assumer sa sélection et prier pour ne pas s’être trompé.
Quoi qu’il en soit, devant la scène de la cascade et le show puissant de Thee Oh Sees, on avait choisi de commencer la journée en y mettant les bonnes formes. Rock and Roll donc, avant d’assister au show bien plus barré de Cheveu qui, fidèle à sa réputation, a assuré un show proprement hallucinant. Maintenant un contact et une synergie affolante avec son public, David Lemoine et son groupe qui n’est pas sans rappeler les messes sombres de Liars, a balancé du gros son à gogo, pour le plus grand bonheur d’un public très électrique !
Les nerfs se sont joliment calmés avec le set pop et léger de Lucius. Holly et Jessie, fausses jumelles mais véritables doppelgängers artistiques, ont donné volontiers de leur voix. En présentant un set de qualité, glissant entre les titres de leur premier album avec grâce, le groupe que l’on avait interviewé il y a peu de temps, a prouvé que cette dernière année passée sur les routes leur a fait le plus grand bien !
Et pendant qu’Emilie Simon se la jouait chef d’orchestre au loin, une procession calme et fébrile prenait la direction de la grande scène. Il faut dire que le nom affiché suffisait à lui seul à donner la chair de poule. Portishead.
Avec un set balayant largement leur discographie étalée sur seulement trois albums, le groupe a choisi de commencer avec des versions, certes touchantes mais quelque peu aseptisées, sonnant en tout point comme des versions studios. Il faut tout de moins reconnaître que l’on imagine mal Beth se lancer dans des arrangements hallucinés, à des lieux de l’esprit un peu glauque du groupe. Néanmoins, Geoff s’est fendu lui de plusieurs réinterprétations (surtout sur les titres issues de Third) et a dépoussiéré certains des sons ayant trop subi l’injure du temps qui passe. On parle bien sûr ici, des scratchs habitant largement la musique du groupe et qui, sans les interventions de Geoff, perdaient tous leur mordant.
Le grand nom de la journée, quant à lui, a tenu toutes ses promesses. The Prodigy, dont les fans sont venus en masses arborant des t-shirts siglés avec une fourmi. Et comme l’insecte qu’ils portaient fièrement, se sont mis à grouiller comme une masse compacte presque informe, pour se masser au plus près de la scène. Et on les comprend, avec une énergie monstrueuse, The Prodigy a transformé Rock en Seine en territoire dévasté où chaque gorge reprenait en chœur chaque refrain et où chaque pied semblait vouloir passer plus de temps dans les airs qu’à terre. Etant entendu que les vibrations émises par les percussions et les basses complètement barrées, n’auraient tout bonnement permis à personne de rester immobile ! |