Réalisé par Thomas Cailley. France. Comédie. 1h28 (Sortie le 20 août 2014). Avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs, William Lebghil, Brigitte Roüan, Antoine Laurent, Thibault Berducat Thibault Berducat, Nicolas Wanczycki et Frederic Pellegeay.
Avec "Les combattants", Thomas Cailley signe un premier long métrage qui associe différents genres, de la romance à la chronique générationnelle, saupoudré d'une pointe de satire militaire et d'une vague coloration survivaliste.
Basée sur l'attrait des contraires avec une apparente inversion des rôles sexués, la comédie amoureuse se joue entre deux jeunes adultes ayant passé la vingtaine qui se trouvent en stand-by de l'existence, bloqués dans l'adolescence et surtout dépourvus tant de passions que de projets d'avenir.
Lui, petit, râblé et tendre plutôt timide et candide, issu d'un milieu d'artisan-ouvrier, son père qui vient de décéder a créé une petite entreprise de menuiserie que vient de reprendre son frère aîné, cherche sa voie sans grand entrain et traîne avec ses "potes" à la plage et en discothèque pour de vaines tentatives de drague.
Elle, de milieu plus aisé, a achevé un deuxième cycle universitaire mais ne trouvant pas de sens à sa vie a viré aquaboniste (à quoi cela sert-il face à l'apocalypse annoncée ?) version survivaliste (cela ne sert à rien mais elle veut survivre) et se prépare à intégrer l'armée pour devenir une warrior.
Charpentée comme Amélie Mauresmo, vêue en débardeur, rangers et pantalon baggy genre butch-fem mâtinée Lara Croft, elle est braque, grande gueule et lui en impose au point où il s'inscrit au stage de PM, entendez préparation militaire, organisé par les VRP de l'armée en quête de futures recrues auquel elle participe.
La stage de "survie" en milieu hostile qui, n'était une sensibilisation au sens du devoir et à l'esprit de sacrifice, ressemble aux jeux de faire semblant de la petite enfance, vire brutalement en échappée belle à deux façon robinsonade.
Mais si celle-ci peut être propice à une rêverie sur le retour au paradis terrestre fantasmé avec des protagonistes adolescents à la beauté fulgurante de Brooke Shields ou Leonardo Di Caprio sur fond d'île paradisiaque ou de luxuriante forêt amazonienne des productions hollywoodiennes, tels "Le lagon bleu" de Randal Kleiser, "La forêt d'émeraude" de John Boorman ou "La plage" de Danny Boyle, ramenée au trip français dans la forêt des Landes traversée de pare-feux, de routes et d'une autoroute mené par deux immatures égarés dans une vacuité existentielle, laisse dubitatif d'autant qu'elle inclut une longue séquence à la John McClane.
Cela étant l'opus a reçu un excellent accueil critique et, à l'exception de la Caméra d'Or attribuée à "Party Girl", a trusté tous les trois autres prix de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2014.
La baroudeuse d'opérette est campée par Adèle Haenel, jeune actrice régulièrement plébiscitée et césarisée en 2014 comme meilleur second rôle féminin. Mâchoires contractées, air buté et scansion hachée, elle fait du "copier-coller" pour un rôle qui correspond quasiment au même profil psychologique que celui qu'elle incarne dans le film de André Téchiné, "L'homme qu'on aimait trop", simultanément à l'affiche.
Quant à Kevin Azaïs, dont la physionomie et le jeu sensible évoquent ceux de Jacques Gamblin, il révèle une belle palette expressive et de nuances de jeu et s'affirme comme un jeune talent à suivre. |