Réalisé par Christophe Honoré. France. Comédie dramatique. 1h42 (Sortie le 3 septembre 2014). Avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Mélodie Richard, Damien Chapelle, George Babluani, Matthis Lebrun, Samantha Avrillaud er Coralie Rouet.
Entre littérature et cinéma, études de lettres et école de cinéma, Christophe Honoré, écrivain, réalisateur, scénariste, dramaturge et metteur en scène français, est né trop tard..
Se libérer des personnages, des contraintes de la narration et de l'illusion réaliste a déjà été fait. Le Nouveau Roman et la Nouvelle Vague sont passées par là dix ans avant sa naissance.
Alors au théâtre, il retrace l'aventure fabulée de cette avant-garde littéraire sans postérité ("Nouveau Roman") et, au cinéma il signe avec "Métamorphoses" un "film-manifeste" d'après la bataille qui allèchera peut-être les psychanalystes avec sa fascination pour la jeunesse, ses récurrences aquatiques, les images obsessionnelles de pieds chaussés de baskets et de la nature sylvestre, la nudité largement dévoilée des jeunes hommes et la culotte Petit Bateau des filles.
Dans ce film sous-titré "Des hommes, des femmes et des dieux !" et quasiment muet, ce qui n'est pas gênant compte tenu de la lénifiance des dialogues ponctuels, Christophe Honoré entreprend, à travers le matériau que constituent "Les Métamorphoses" de Ovide, et après réécriture et contextualisation, de "saisir les corps de manière hédoniste", la nudité et la possession du corps constituant le "mode d’accès à la connaissance de l’autre comme du monde".
Le fil rouge est le personnage d'Europe (Amira Akili), lycéenne d'origine magrébine habitant dans une cité péri-urbaine du Sud de la France qui veut "vivre une histoire" et fugue avec le conducteur d'une semi-remorque qui n'est autre que le dieu Jupiter (Sébastien Hirel), séducteur impénitent de mortelles et géniteur compulsif qui, entre deux saillies, joue une éternelle et vaudevillesque scène de ménage avec sa jalouse et vindicative épouse Junon (Mélodie Richard) qui ne se lasse pas de punir ses éphémères rivales..
Ensuite, elle sera détournée par le psychopathe Bacchus (Damien Chappelle) avant de suivre Orphée (George Babluani) transformé en prêcheur et sa déambulation erratique est parsemée d'épisodes métamorphiques, parfois réduits à une simple évocation verbale, souvent fantasques, et toujours enchaînés de manière séquentielle.
Professionnels ou non, les jeunes acteurs sont inexpressifs et l'émotion esthétique n'est pas au rendez-vous : nul trace ni de sensualité ni d'érotisme dans la photo naturiste dirigée par André Chémétoff, qui n'a même pas la caméra hamiltonienne.
Quand ils parlent, ils jouent "faux" : le cahier des charges est rempli puisque l'atonalité est de rigueur : la scansion bressonienne et l'anti-jeu rohmerienne ne sont pas loin mais sans le verbe.
So what ? Hors le pseudo-exercice de style "néo-nouvelle vague", une piste peut-être, Christophe Honoré étant un productif auteur de romans jeunesse celle du film "générationnel" destiné à éclairer la jeunesse ? |