Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Triptyque "Des années 70 à nos jours"
Théâtre des Abbesses  (Paris)  septembre 2014

Triptyque mis en scène par Julie Deliquet.

"La Noce" d'après Bertolt Brecht avec Julie André, Gwendal Anglade, Anne Barbot, Olivier Faliez, Pascale Fournier, Jean-Christophe Laurier, Agnès Ramy, Richard Sandra et David Seigneur.

"Derniers remords avant l’oubli" de Jean-Luc Lagarce, avec Julie André, Gwendal Anglade, Éric Charon, Olivier Faliez, Agnès Ramye et Annabelle Simon.

"Nous sommes seuls maintenant", écriture collective du Collectif In Vitro, avec Julie André, Gwendal Anglade, Anne Barbot, Éric Charon, Olivier Faliez, Pascale Fournier, Julie Jacovella, Jean-Christophe Laurier, Agnès Ramy, Richard Sandra, David Seigneur et Annabelle Simon.

En ramassant dans une seule soirée, trois des spectacles qu'elle a mis en scène sous le titre "Triptyque Des années 1970 à nos jours", Julie Deliquet s'évertue à trouver, à l'aide de l'arme théâtrale, le secret de ces soixante-huitards toujours en place, s'accrochant à leur parole censée rebelle pour l'éternité, en se croyant hier comme aujourd'hui "la jeunesse du monde" à l'heure où la vraie jeunesse a tant de mal à pouvoir s'exprimer.

C'est la suite des trois mouvements orchestrés par Julie Deliquet qui va tenter de démontrer s'il s'agit là d'un constat, d'un constat critique ou simplement de la nostalgie d'un temps fugace où l'Utopie a cru dominer le monde occidental.

D'abord, dans "La Noce", adapté d'après "La Noce chez les petits-bourgeois" de Bertold Brecht, elle met en scène la noce tragi-comique de Jacob et Maria, qu'elle a transposé dans les années 1970 avec pantalons pat'd'ef et disques de Janis Joplin giclant sur un électrophone.

Plus que la critique sociale voulue par Brecht, Julie Deliquet s'attache à mettre en place un premier moment de convivialité dans un univers branlant où les meubles s'écroulent. Ici le monde bourgeois finit par connaître le même sort au gré d'une soirée trop arrosée attisant les conflits personnels, mais, liberté sexuelle oblige, les débats houleux seront clôturés par les ébats amoureux des nouveaux mariés.

S'en suit avec "Derniers remords avant l'oubli" de Jean-Luc Lagarce, une toute autre vision des années 1970, cette fois-ci vraiment mises en accusation par le temps qui s'égrène. Lagarce, dans un texte exempt d'indulgence et dont Julie Deliquet sait saisir l'âpreté, a conçu un "Jules et Jim" vingt ans après.

Dans sa version, les amants ne sont pas morts et Hélène et ses deux hommes se retrouvent des années après leur vie commune pour régler une sordide question immobilière. L'Utopie de l'amour à trois a pris une bien triste tournure dont sont témoins les nouveaux protagonistes des uns et des autres

Lagarce a écrit "Derniers remords avant l'oubli" en 1987 et était l'homme idéal pour entamer en pointillé le procès des soixante-huitards qui prétendaient toujours changer le monde et se déchiraient déjà pour des questions "bourgeoises" tout en prenant le contrôle de toutes les institutions, et particulièrement celles du théâtre.

Cette parabole critique teintée d'amertume devant des aînés qui ont trahi, et ne le reconnaîtront jamais, on ne la trouve pas dans le troisième moment, "Nous sommes seuls maintenant".

Création improvisée du Collectif In Vitro, constitué par les acteurs que l'on découvre dans les trois spectacles, cette parodie ambiguë d'un retour à la terre d'un "bobo" parisien reprend le principe de "La Noce" d'un théâtre qui se déroule à "table". Comme attendu, le bon dîner festif et amical dérape en engueulades et règlements de comptes, cette fois-ci sous la forme du "jeu de la vérité" cher à Philippe Lellouche.

Formée, comme Sylvain Creuzevault, au Studio-Théâtre d'Asnières, Julie Deliquet aime elle aussi montrer des scènes de repas. Elle a tendance, comme jadis Maurice Pialat au cinéma, de les traiter sous forme de "plans-séquences" qui s'achèvent sur scène, non pas par manque de pellicule, mais quand les acteurs quittent le plateau.

Exercices compliqués, nécessitant une véritable chorégraphie et une complicité sans failles des "convives", ces scènes révèlent la qualité d'une troupe de comédiens capables de vivre toutes les situations possibles.

Reste que la limite de cette théâtralité, qui dit trivialement que l'époque actuelle revient à des modes traditionnels de vivre-ensemble, est d'enfermer de bons acteurs dans des panoplies un peu stéréotypées. Si la tension est au rendez-vous, l'émotion ne peut jamais vraiment survenir ou très fugacement.

Une des leçons de cette copieuse soirée théâtrale, dont il faut saluer la réelle ambition, est donc qu'il ne faut pas abuser des plaisirs de la table au théâtre, sinon de bons acteurs vont finir par s'engraisser dans de belles mécaniques qui tourneront vite à vide.

L'autre leçon est qu'avec "Derniers remords avant l'oubli" , Jean-Luc Lagarce a saisi, dans l'instant où il y participait, plus de choses sur le continuum raté des années 70 et 80 que ceux qui, avec les meilleures intentions sociologiques du monde et les armes de la nostalgie critique, tentent de comprendre pourquoi, à l'image d'autres périodes plus sombres, ce temps révolu et passé ne passe décidément pas.

 

Philippe Person         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=