Encore un album pour lequel une seule écoute risque d'être fatale. Donc insistez pour découvrir Mes univers de Feed. qui propose une autre voie, voire une issue de secours ?, entre le courant pseudo-intellectuel de la nouvelle chanson française des hype branchés surmédiatisés et la variété staracadémicienne formatée.
A l'instar du titre et de la pochette puzzléiforme, Feed nous livre ses univers musicaux par bribes ce qui donne un album un peu hétérogène, qui n'est pas synonyme d'ennui, placé néanmoins sous le signe des sixties et de la période yéyé popisante et rockeuse des années SLC et du Bus palladium.
Ainsi si ses "Nuits agitées" réalisent un mix de Plastic Bertrand et d'Antoine, "Mes univers" lorgnent vers la britpop décontractée de Dutronc, le tout étant de rester "Supercool" ("Ah oui mais je me défoule/Ah oui je prends mon pied/Ah oui je me soule/Pour vous oublier Yeh").
Les textes sont tantôt un brin caustiques avec "M people", clin d'œil sur la médiatisation et la starification de pacotille ("Dans la presse assassine devenir une icône pour pouvoir plaire aux connes") et "Sex airlines" (avec une intro à la Prince "Elle est tombée sur son macadam/Il lui a filé des bas et une vie d'enfer/Devenir infirmière pour les âmes/Ce belzébuth lui fait tout faire/Hôtesse d'acceuil qui s'envoie en l'air/Honteuse de plaire aux âges murs") tantôt poético-décalés à la U avec "Quoi de neuf ?" ("Je suis assis en bouddah sur le balcon/Et j'ai couché ma psyché dans le coton/Veux-tu voir courir les fous dans les délales/Du labyrinthe des villes qui roulent, des villes qui râlent…Je suis assis en boudah sur le balcon/Et ma princesse est shooté au cupidon"), "Le manège" ("Invente-toi d'autres visages/Pour me charmer/Une histoire, un héritage/Pour m'acheter/Mets-y plus de conviction/Le manège des âmes est avancé…Invente-moi les rêves où je dors/Pour m'abuser/improvise-nous un décor/pour nous cacher/Ne te poses plus de question/Le manège des âmes s'est emballé") et "Le passage au péage", sur lequel les oh yé de Dutronc ont rencontré le phrasé de Û, sur lequel ça dépote ferme ("Mon tabouret de bar se barre et se carapate/Je perds de la hauteur, capitalise les grammes/ le cendars est en cloque plein à bloc pue la clope Je deviens oblique, et je m'applique/C'est le passage au péage/Paie ton dû et dégage").
tantôt lyriques avec "Binoche", où il compose une jolie ballade pop en ode déclinatoire à Juliette ("Une larme de Binoche/Rien qu'une larme et le monde s'y accroche/Juliette pleure c'est pas du cinoche/Un regard comme encoche…Juliette pleure c'est pas du cinoche/Un regard et je ricoche")
Et en final, un petit morceau bonus de gros rock à tout casser avec voix off acédécienne.
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