"La perfection est comme l’eau"
Dao De Jing de Lao Zi
L’équation d’un certain bonheur musical est parfois assez simple. Un label militant à taille humaine et à la ligne éditoriale réfléchie, quelques microcultivateurs (puisque c’est du label Microcultures dont on parle) qui permettront au projet d’exister, un producteur confirmé (en l’occurrence Julian Tardo déjà aux manettes pour Fujiya & Miyagi, John Cunningham ou Fear Of Men) et puis naturellement un bon groupe.
Si cette équation ne se vérifie pas toujours, suivez mon regard… ici elle se confirme totalement. Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler, et c’est bien dommage, d’Oddfellow’s Casino, sachez que le groupe emmené par David Bramwell, musicien multi-instrumentiste, est originaire de Brighton, et que ce The Water Between Us est le quatrième album d’une suite de disques ambitieux quasiment sans fausse note (The Raven’s Empire, Winter Creatures, The Absence Of Birds, Yellow Bellied Wonderland…). La musique des anglais est rêveuse, soyeuse, mélancolique et planante. On retrouve ici une pop luxuriante (dans le sens où elle regorge d’arrangements soignés, d’harmonies et d’atmosphères élaborées), douce et émotionnelle. Héritière ou proche du grand Robert Wyatt (avec le même traitement de la voix et de la trompette) ou de bien d’autres artistes comme Mark Hollis, Syd Barrett et Pink Floyd, Craig Fortnam, Sufjan Stevens ou Daniel Béjar (Destroyer)). Une musique organique, si tant est que ce terme veuille dire quelque chose, presque irréelle où des bras nous enlacent dans un geste d’amour. Comme son nom l’indique, le thème central de ce disque est l’eau. Elément à la fois purificateur, destructeur, nourricier ou protecteur. Si elle peut séparer, ici elle rassemble.
Et si nous nous laissions juste porter par nos émotions et notre cœur. C’est peut-être juste cela le plus important : avoir la chair de poule, être transporté. Et si ces deux éléments sont des indicateurs d’un disque réussi, alors ce The Water Between Us l’est assurément.
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