C'est presque devenu un marronnier auquel le monde de la musique s'abandonne régulièrement et dans une extase frissonnante : la découverte d'artistes en provenance du Nord.
Après tout, c'est une tendance qui se vérifie chaque année et la buzzosphère ne vibre plus qu'avec un enthousiasme immodéré pour les latitudes scandinaves ou de Montréal. Une bipolarisation qui puise son origine dans le vivier artistique de ses deux positions géographiques, aisément comparable à l'explosion de vie du précambrien.
Avec son premier EP, la jeune Marlene intervient donc dans un univers mûr pour ses productions, réceptive quant à sa vision de la musique et surtout très demandeuse de jeunes talents nordiques. États à la culture pop avérée, le Danemark, la Suède et même la Norvège peuvent tous trois se gausser d'un patrimoine musical digne des plus grands panthéons. Et personne ne s'y trompe, que ce soit avec une forme sonique épurée ou au contraire, très complexe et versant allègrement dans l'expérimentation, les nordiques participent activement au renouveau perpétuel de la musique.
De fait, Marlene apparaît comme une énième héritière d'une culture déjà très riche et qui ne compte aucunement lui faire honte, loin s'en faut. Indian Summer est en effet un EP de qualité, écartelé entre une pop gentillette et quelques dérapages aux accents épiques. Le support d'une voix passionnée lui offrant régulièrement l'occasion de briller, le cinq titres multiplie les panoramas grandioses. La plupart des pistes, à la manière de "Lavender Fields", balade pop enamourée, réussissent à dépasser les obstacles du pathos pour atteindre des effets saisissants. Ailleurs, c'est le sémillant "Bon Voyage" et sa rythmique dépaysante, empruntant tant à l'électro pop qu'à un exotisme rêvé, qui offre à cet opus ses lettres de noblesses.
Alternant entre un classicisme pop éculé, des percussions addictives et une dose d'instrumentation électronique, Marlene ne réinvente sûrement pas la poudre (loin de là), mais réussit à rallumer une nouvelle fois la mèche maintes fois brûlée (souvent par les deux bouts). "Let me stay awake forever" lance-t-elle au détour d'une piste, déterminée à ne pas être un malheureux feu de paille, un moment fugace s'avérant aussi agréable qu'inconsistant.
À l'artiste de nous prouver qu'elle ne se bornera pas à occuper nos oreilles le temps d'une seule saison, fût-elle un agréable été indien.
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