Alors là, ça ne va pas être facile de fabriquer une chronique qui contient moins de mots que l’album. Clair et beau, comme un avenir en ciel bleu et un parapluie chauffant pour regarder tomber doucement la neige dans les prés et sur les toits. Le monde t’appartient de Riccardo Bozzi et Olimpia Zagnoli.
Un album petit format cartonné à emporter dans son cœur comme un hymne à la liberté que nous possédons. Après tout, ce sont nos choix qui nous emprisonnent, pas la dette de l’Etat ni le tapage des voisins. Le discours semble écrit pour des enfants, mais des adultes (qui tiennent toujours l’enfant qu’ils ne cesseront jamais d’être par la main).
Des illustrations épurées, stylisées pour laisser libre cours à l’imagination. Pour la liberté, la liberté d’aimer ou ne de pas aimer, la liberté d’être triste, la liberté de jouer, la liberté de franchir les limites.
L’album pourrait devenir le support de règles de vie, à la manière de "ma liberté s’arrête là où celle des autres commence". En poussant un peu, l’album serait même une philosophie de vie à part entière. Certainement un peu trop simpliste pour les plus intoxiqués d’entre nous. Intoxiqués aux JT et à la tristitude imposée. Riccardo Bozzi propose le contraire, un souffle de frais sur les mines empesées et les cernes boursouflées. Parce qu’il a toujours été plus facile de se plaindre que de voir ce qui est beau autour de nous.
Voir les petits bonheurs plutôt que se lamenter sur les grands malheurs. Comprendre qu’on ne peut porter le monde sur les épaules. Oui, la guerre est à nos portes, la famine débarque en zodiacs surpeuplés. Mais est-ce que cela dépend directement de nous ? Est-ce un choix que nous avons sciemment fait ? Non.
Non, il ne s’agit pas de tourner le dos au reste du monde. Loin de là, mais si on souriait simplement, pas la peine de porter le deuil à longueur de temps par solidarité… envers qui d’ailleurs ? Les politiques ? Même s’ils prétendent diriger le monde, ton cœur t’appartient, tes choix aussi.
Si, vous avez le droit d’être triste, avec ou sans raison. Mais il faut se forcer à lever la tête au-dessus des nuages au bout d’un moment.
Bon, ça fait un moment que j’ai dépassé le nombre de lignes de l’album, et je pourrai en écrire bien plus, tant les quelques mots et les illustrations recèlent une profondeur toute profonde. Comme un message secret à interpréter au gré de ses journées.
A ne pas mettre entre les mains des sceptiques, les autres, allez-y. C’est du petit bonheur à toutes les pages. |