D’allégorie satanique à la boîte à câlins, la palette de qualificatifs attribués au chat est plutôt vaste, et c’est rien de le dire quand Stéphanie Hochet nous livre cette Eloge du chat. Oui, carrément, un éloge en forme d’essai, et pourquoi pas ?
Stéphanie Hochet n’en est pas à ses premières lignes, elle est déjà auteure de neuf romans, collaboratrice dans d’autres œuvres. Et ce qui devait très certainement la turlupiner pendant ses nuits peuplées de mots à étaler sur des pages blanches est devenu un inévitable essai à la gloire de ce petit poilu qui a bien accepté qu’elle devienne son hôte. Son chat. Miaou.
Lui qui demande tellement d’attention quand la nôtre est tournée ailleurs que vers sa petite animalité. En miaulant à fendre l’âme. En faisant ses griffes sur les pantalons (variantes : dans le dos, sur la table, derrière l’ordinateur ou le nouveau canapé). En se roulant sur le clavier (variante : en marchant sur le clavier, en se posant pile devant l’écran, en chassant la souris). En s’étirant sur la feuille (variante : en roupillant sur la pile de feuilles vierges lors d’une période prolixe, en essayant de se glisser sous la feuille sur laquelle on écrit par un truchement de moustache avisé).
Bref, Stéphanie Hochet ne pouvait pas nier l’évidence plus longtemps (ou bien elle a fait un pacte avec son chat), il fallait poser sa griffe sur papier libre. Voilà qui est fait avec Eloge du chat. Le paradoxe du félin y est décrit dans toute sa splendeur, aussi hautain que câlin, aussi indépendant que possessif, aussi cruel que tendre, aussi balourd que gracieux, adulé, détesté, exterminé, sélectionné, abandonné. Aucun animal domestique n’est resté aussi sauvage à ce jour.
Dans cet essai, tout y est, et bien plus encore. De l’arrivée dans un foyer, sa présence feutrée, le vide de ses disparitions, des citations, des chats célèbres, des chats de personnalités célèbres. Et le vôtre Stéphanie Hochet ? Comment est-il ? Plutôt comme dans les BD ? Un pourfendeur de rideaux ou un narcisse qui grogne après son reflet (plus beau que lui).
Un livre pour les amoureux des chats. Et les autres ? Ils y trouveront tous les arguments pour continuer de les détester (ou pas). Et si le chat connaissait le secret du monde ? Si c’était lui qui avait les clés du paradis ? Mi-sauvage-décapiteur de souris, mi-croquette-canapé au soleil. Ou alors ce n’est qu’un sale hypocrite qui se joue de notre faiblesse pour ses pupilles dilatées et ses ronrons inexpliqués ?
Cent pages. Rien que ça. Il fallait bien ça pour parler de mon Chaton. |