Monologue dramatique de Carole Fréchette interprété par Laurence Pollet-Villard dans une mise en scène de Véronique Kapoian.
"Dans la peau d'Elisa", variation contemporaine au féminin de la partition pirandellienne, "La fleur à la bouche", se compose d'une succession de fragments d'histoires d'amour, non pas l'amour cérébralisé mais celui qui se manifeste de façon tangible, en s'extériorisant par les émotions et signes du corps.
Ce monologue dramatique de Carole Fréchette constitue une partition ténue et polysémique qui implique d'être transcendée par son interprète.
Mission accomplie par Laurence Pollet-Villard, comédienne lumineuse guidée par une empathie hypersensible à l'égard du personnage-titre énigmatique, à défaut de personnalité explicitement circonscrite, et au comportement borderline du rire aux larmes, qui entretient un rapport trouble et ambigu avec les histoires qu'elle dispense.
En effet, sous la direction de Véronique Kapoian, sa façon de les relater en dressant, en sus, le portrait incarné de leurs protagonistes ouvre nombre de pistes laissées à l'entendement du spectateur.
Laurence Pollet-Villard présente un beau travail de comédienne accompli avec intelligence et acuité pour restituer ces souvenirs amoureux personnels travestis, amours fantasmés ou témoignages phagocytés par une conteuse atypique, une conteuse publique à la manière du griot, ou une psychotique shéhérazadienne qui repousse les limites du temps pour conjurer l'angoisse de sa propre finitude. |