Non, non et encore non ! Malgré l'évènement malheureux (le suicide de son batteur Jon Lee en 2002) qui aurait pu crucifier Feeder, la bande à Grant Nicholas n'est pas aussi morte qu'on aurait bien voulu le prétendre.
Bien au contraire, après avoir plus ou moins expurgé ce douloureux passage, le combo gallois nous était revenu peu de temps après avec un tout nouvel album Comfort In Sound, aux airs mélancoliques. Trop peut-être, et c'est ce qui aurait pu presser les mauvaises langues à commettre l'erreur d'envoyer Feeder dans l'au-delà.
Nous avons tous encore en tête les rythmes acérés et pourfendeurs de fosses du grand album Echo Park ou encore le tonitruant Just A Day. Oui, Feeder avait bel et bien le sens du grand rock, capable de vous mettre un festival à sac pendant quelques chansons. Mais qui nous dit que ce don est définitivement perdu?
A vrai dire, rien, surtout en écoutant avec tant d'attention ce tout nouveau bébé qu'est Pushing The Senses. Après tout, on aurait pu redouter une suite logique au Comfort In Sound, certes pas mauvais mais tout en retenue.
Grant Nicholas, a fait beaucoup mieux qu'un nouvel album rempli d'espoir et de renouveau : si le temps des grosses guitares pointues semble toucher à sa fin (nous n'avons pas encore vu les nouvelles prestations scèniques pour s'en assurer), force est de constater que nous sommes en possession d'un objet hyper bien fichu et pour le coup hyper travaillé. Le premier single "Pushing The Senses" est hypnotique, et nous renvoie une énergie folle. Ouf , ça commence plutôt bien ...
Suivent dans la même veine "Feeling a moment", "Bitter Glass" ou encore "Pilgrim Soul". Feeder reprend un nouveau souffle, non sans l'aide de son nouveau batteur Mark Richardson (ex Skunk Anansie) et se surprend à retrouver les grands airs d'antan. Sans oublier pour autant le tournant musical pris délibérément par Grant Nicholas, à savoir un son plus soft et plus épuré, Pushing The Senses fleure bon les grandes ballades envoutées et pleines de passion. Mention spéciale pour "Pain on pain" qui m'aurait presque tirée les larmes des yeux lors de la première écoute.
Feeder est bien là, plus fort que jamais. Les Thirteen Senses et autres Keane iront certainement manger à la table des petits. De même, cessons de comparer Feeder à Coldplay, il n'y a rien de plus insupportable.
Feeder assume parfaitement son identité musicale et les trois compères sont bien décidés à vous le faire savoir.
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