Ce mercredi 23 février, la Guinguette Pirate présentait une soirée pop-rock découvertes qui attire une belle affluence. L'affiche, Rien et Angil, sera une belle réussite.
Si les premières parties sont souvent décevantes, tel ne fût pas le cas ce soir là avec Rien.
Rien. Cinq musiciens propres sur eux, plutôt sérieux, s'installent.
Une voix caverneuse à l'accent teuton nous annonce la première partie du requiem : "A la fin des années soixante, une bande de malades mentaux se met en tête de faire des reprises de Bach avec des instruments d'époque, pour un rendu loin d'être convaincant. Fraîchement accueillie, la démarche prend quasiment fin dès lors qu'on arrive à caser un mot sur ces facéties musicales. Les baroqueux disparaissent sans laisser de trace, laissant juste derrière eux la sourde magie noire qu'évoque leur appellation de fortune, reprise de nos jours par les journaux musicaux à la page….et ainsi de suite. En 1999, Rien entreprend des recherches sur le sujet, recherches qui les amènent aux confins d'un ranch texan, sur les traces des pionniers hérétiques disparus et semble-t-il reconvertis dans l'agroalimentaire…".Voilà c'est Rien !
La musique, guitares, basse, batterie et flûte, du requiem naît et nous partons dans la constellation du post rock instrumental sur des nappes sonores qui ne sont pas sans nous rappeler les groupes de la Nouvelle France.
Un morceau lorgne du côté de la dub fusion et du free jazz de HIM, parfois du new age quand le bassiste joue avec un archet, une touch d'électro parfois et pourtant l'ensemble est cohérent, tout en constituant un OMNI*.
Les dernières volontés du Général de Gaulle pour ses obsèques, une analyse du film "Fantasia chez les ploucs", ou l'imparable postulat" Il n'y a pas de prédiction sans avenir", pourraient n'être que des blagues de potaches aux légumes.
S'il n'y avait des compositions musicales complexes et maîtrisées, des jeux de guitares époustouflantes, les doigts effleurant à peine les cordes, une basse imparable même si le bassiste esquisse des grimaces envers le guitariste brun, qui dépose ses lunettes pour jouer, une rythmique majeure même quand le batteur rit en entendant la bande off.
Tout coule, simple, léger, beau, profond, travaillé.
Des coassements de grenouille, un morceau parlé/chanté avec l'aimable participation de Jull, un intermède avec un mec coiffé d'une perruque rasta qui joue de la guitare gonflable pendant un changement de corde, et l'univers de Rien a envahi la guinguette.
Impossible de ne pas courir au stand merchandising pour se procurer leur album Requiem pour des baroqueux qui, à l'instar de leur musique se déploie dans tous les sens pour former un cube, un volume parfait.
Arrive ensuite Angil sur scène.
Nous avions vu Angil, collectif à géométrie variable sous la houlette de Mickäel Mottet, auteur compositeur et interprète, au Pop In dans une formation quatuor guitare, trombone à coulisse, alto et bruitages vinyl qui soufflait un vent de rock frais sur des chansons de la veine folk post moderne.
Aujourd'hui à la Guinguette, la guitare et l'alto sont accompagnés de deux flûtes et d'un violoncelle dans une formation qui se rapproche davantage de celle d'un orchestre de chambre. Cette atmosphère intimiste est renforcée par la présence, en fond de scène, d'une jeune femme qui lit en préambules les textes en français.
Angil nous démontre la force de ses compositions qui se teintent ici d'une couleur plutôt new age. Les ballades intimistes se distillent au gré du roulis de la guinguette, les mélodies lunaires s'envolent et nous transportent vers les contrées poétiques d'un autre temps.
Un beau moment...à ne pas rater si Angil passe près de chez vous !
* objet musical non identifiable |