Ily a une grande propension ces derniers temps à crier au génie si tôt qu'un français s'essaie à de la musique qui sort des sentiers battus estampillés "musique française".
Pourtant bien peu de ces nouveaux génies sont pérennes, aussi vite enterrés qu'encensés. Ainsi combien sont tombés dans l'oubli quelques mois plus tard pour un Air qui reste à la surface ?
Air qui a le mérite d'avoir réussi à exporter cette fameuse French touch ouvrant à bien d'autres groupes les portes du commerce international …Air désormais chevaliers des arts et lettres… comme quoi, on peut rire de tout.
Bref tout cela pour dire que lorsque qu'un disque français un peu hors norme nous tombe entre les mains il fait l'objet de toutes nos méfiances proportionnelles au succès (hyper) médiatique auquel il fût sujet.
Autant dire que ce Happiness, premier album de Sébastien Schuller était suspect à nos yeux.
Mais les yeux ne sont pas tout dans la musique et c'est nos oreilles que cet album a réjouies et plutôt deux fois qu'une.
Les drôles de mélodies de Sébastien Schuller naviguent entre pop acoustique et électro planante et on embarque volontiers sur le navire.
"1978" qui ouvre l'album est un modèle à la fois de simplicité et d'efficacité. La douceur des chœurs éthérés accompagnée d'un piano mélancolique ouvrent parfaitement la voix au morceau phare de l'album "Weeping Willow". Chanté en anglais (comme tous les titres chantés de ce disque au demeurant) d'une voix fragile et maladroite, "Weeping Willow" tue quasiment le reste de l'album tant cette chanson est remarquable de sensibilité et d'émotion. La mélodie faite de petits sons électroniques ressemble à une berceuse des temps modernes et fera sans doute partie (le temps nous donnera raison je pense) de ces chansons intemporelles que l'on écoutera toujours sur nos vieux jours…
"Sleeping Song" auquel incombe la dure tâche de succéder à "Weeping Willow" s'en sort plutôt bien, construit sur un schéma un peu semblable, c'est ici la rythmique qui a le beau rôle (Sébastien est percusionniste de formation).
"Ride along the cliff" cède à la facilité, l'espace de quelques sons un peu datés, dans un mélange de Air (chant) et de Vangelis période Chariots de feu (claviers et "claps").
"Tears coming home" est un des morceaux pop de l'album sur lequel, une fois de plus, Sébastien Schuller triture sa voix et l'emmène sur des chemins sur lesquels elle est bien peu à l'aise ajoutant à la fragilité des compositions au lieu de les desservir. Belle performance.
Comme une évidence, l'univers quasi onirique de Happiness ne pouvait pas passer à coté de celui de Tim Burton, autre poète décalé jouant avec la corde raide qui s'avère souvent aussi être la corde sensible. "Edward's hands" est un hommage appuyé au réalisateur puisque le titre lui-même est une référence (Edward aux mains d'argent) et que l'intro faite d'un crescendo de "tintinabulations" nous plonge dans le monde féérique et inquiétant de Mr Jack…
Laissons les génies dans leur lampe, et profitons comme il se doit de ce Happiness qui ne manquera pas de vous rendre heureux… Comme quoi pas besoin de musique "festive" pour avoir le sourire !
Immanquablement … immanquable !
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