Le Musée de la Vie romantique présente une exposition consacrée à une entreprise édiotriale hors du commun et novatrice
initiée par le dramaturge et philanthrope baron Isidore Séverin Taylor.
En 1820, en pleine vogue de l'historicisme, paraît le premier des 24 volumes dont un index des "Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France" qui constitueront la première anthologie historique, descriptive et pittoresque du patrimoine français.
Par ailleurs, cette encyclopédie est également considérée comme un manifeste romantique en raison de la participation de Charles Nodier, une des figures majeures du Romantisme.
Intitulée "La Fabrique du Romantisme", l'exposition
dont le commissariat est assuré par Jérôme Farigoule, conservateur en chef et directeur du Musée de la Vie romantique, Commissariat Jérôme Farigoule, Sophie Eloy, directrice adjointe du musée et Sophie De Grande, chargée de mission scientifique, se déroule selon un parcours didactique scandé par une centaine d'oeuvres dont des lithographies extraites des "Voyages".
Les Voyages pittoresques : le Grand Tour Hexagonal en images
En premier lieu, l'exposition évoque le milieu artistique et littéraire des années 1820-1830 avec les portraits des intellectuels qui appartenaient au cercle d'intimes fréquentant le salon du critique, essayiste et romancier puis académicien Charles Nodier.
Ce salon, surnommé "Le cénacle" ou "le salon de l'Arsenal" car il se tenait dans l'appartement de fonction de Charles Nodier alors directeur de la Bibliothèque de l'Arsenal, était devenu la plaque tournante de l'avant-garde romantique.
Et tous, peintres, musiciens, sculpteurs et auteurs romantiques dont le nom est passé à la postérité, y ont fait leurs premières armes.
Charles Nodier a participé à l'élaboration des premiers volumes des Voyages pour lesquels le baron Taylor s'est inspiré des répertoires des monuments anciens datant du 18ème siècle qu'il ambitionne de réaliser à l'échelle nationale.
Pour dresser un inventaire précis et détaillé destiné à appeler l'attention sur l'état des lieux et la sauvegarde du patrimoine français.
Ce recensement qui se veut sinon exhaustif du moins le plus riche possible inclut non seulement des monuments historiques, civils, militaires, des vestiges, et des curiosités architecturales - telle la Tour penchée de Soyons dans le Languedoc retenue pour visuel de l'exposition - souvent agrémentés de scène de genre mais également de grandioses paysages naturels et des sites pittoresques.
Etabli par région, chaque volume au format in-folio comporte des séries de planches, imprimées en lithographie - celle-ci, selon Nodier traduisant l'esquisse du peintre - ainsi que des textes encadrés à la manière des enluminures, le tout d'excellente facture.
Dans un de ses pamphlets déclarant la "Guerre aux démolisseurs", Victor Hugo louera, outre l'initiative, ces voyages "rivalisent de grâce, d’imagination et de poésie le crayon de Taylor et la plume de Charles Nodier".
Le corpus vendu sur souscription connaîtra un beau succès public et atteindra son but en contribuant à la réflexion sur la notion et la conservation du patrimoine architectural. En 1834 sera créé le poste d'inspecteur des monuments historiques dont l'un des premiers attributaires sera Prosper Mérimée.
Par ailleurs, ce "voyage d'impressions" a constitué un thésaurus documentaire favorable à l'élaboration d'un nouveau répertoire iconographique.
Il a influencé la peinture de paysage et d'histoire, ainsi que les arts vivants, en renouvelant le registre des décors de théâtre et d'opéra, et les arts décoratifs à l'instar des assiettes à fonds de tableaux d'un service de la Manufacture de Sèvres nommé "Vues des bords des fleuves et rivières de France".
En parallèle se tient du 2 octobre au 15 novembre 2014 à la Fondation Taylor sise à proximité du musée, et à l'occasion du 170ème anniversaire de sa création, l'exposition "Le baron Taylor à l'avant-garde du romantisme". |