A l'instar de l'engouement pour les légendes de l'Antiquité portées par le trio mythique constitué de l'Egypte, la Grèce et Rome, pour les Amériques, celui des Aztèques, des Incas et des Mayas inspire l'imaginaire des Européens qui se souviennent de leurs lectures enfantines avec, entre autres, les tribulations de Tintin, dont le fameux album "Le Temple du Soleil" et affectionnent les films de chasse aux trésors.
Ils pourront se confronter à la réalité en se rendant au Musée du Quai Branly qui accueille une très sérieuse exposition consacrée à l'une des plus anciennes civilisations précolombiennes. L'exposition "Mayas,révélation d'un temps sans fin" produite par l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire du Mexique a été conçue sous le commissariat de Mercedes de la Garza, chercheur au Centre d’études mayas de l’Université nationale autonome de Mexico.
Elle dresse, avec près de quatre centaines de pièces, un panorama complet, synthétique et didactique, soutenu par de nombreux cartels explicatifs, de la cosmogonie de cette fascinante culture mésoaméricaine.
Elle se déroule selon un parcours thématique bénéficiant d'une impressionnante scénographie de l'Agence Willmotte & Associé.
Placée sous le signe d'une esthétique claire basée sur la palette chromatique du gris ponctué de cimaises aux couleurs saturées qui créent de judicieuses ruptures visuelles..
Et elle régit une combinatoire réussie pour présenter tant les petits objets sous vitrine que la statuaire monumentale qui y sont sublimés.
Mayas
: la primauté du sacré
Pour dresser la vue d'ensemble de la civilisation maya qui s’est développée dans la péninsule du Yucatan depuis le troisième millénaire avant JC a perduré jusqu'au 8ème siècle de notre ère, la monstration adopte une approche croisée en l'anthropologie et l'archéologie afin d'aborder tant les us et coutumes que les réalisations architecturales et artistiques.
Elle se déploie selon deux axes articulés par la section intitulée "Le coeur des cités" qui correspondent à sa cosmogonie basée sur une dualité monde/inframonde : la vie de la cité placée sous la primauté du sacré.
Le monde visible, c'est le milieu naturel dont la faune et la flore constituent des motifs récurrents inscrits dans le répertoire des arts plastiques mayas
avec des sifflets en forme d'animal, des pots zoomorphes et des récipients à couvercle dont le frétel est une tête d'animal.
Dans ce monde, vit une société dont la structure socio-politique est fondée sur la division en deux classes, l'élite civile, administrative militaire et religieuse de filiation patrilinéaire et le peuple regroupé en communautés villageoises.
Les pièces exposées permettent de prendre la mesure du savoir maya.
Ainsi cette civilisation dispose d'une écriture logographique composés de glyphes qui apparaît 300 ans av. J.-C. et d'un système mathématique vicésimal, à la base de remarquables recherches astronomiques qui a conduit au développement d'un calendrier reproduit sur des roues calendaires.
Par ailleurs, les Mayas étaient des bâtisseurs et les vestiges des cités révèlelent leur capacité à construire des ouvrages architecturaux monumentaux, tels les palais, pyramides à degrés, les temples, les observatoires et les plate-formes cérémonielles, à l’aide de techniques rudimentaires.
Les bâtiments sont ornés fresques peintes, de bas reliefs et de statues qui attestent de la maîrise de la statuaire et de l'art figuratif dans la représentation des hommes, principalement des dignitaires, mais également des innombrables divinités du panthéon maya.
La civilisation maya est inféodée au culte des forces sacrées qui se matérialisent par des rites publics incluant les offrandes et les sacrifices, parfois humains, qui sont retracés sur les bas-reliefs Par ailleurs, elle connait également l'institution du chamanisme qui était considéré comme une pratique religieuse privée réservée aux dirigeants dont la personne était sacrée, favorisant l'état de voyance et la pratique d'incantations thérapeutiques.
Sont également présentés des pièces, tel un dossier de trône, qui illustrent une autre pratique élitiste, celle du "jeu de balle", qui se déroulait sur un terrain de jeu dédié au sein des enceintes cérémonielles.
L'exposition se clôt donc logiquement avec l'évocation des rites funéraires, corollaire de la croyance en la survivance de l'esprit après la mort physique.
Pour accompagner le défunt dans son ultime voyage vers un monde céleste, de nombreux objets, selon le rang du défunt, de mobilier, de bijoux en jade, voire même d'animaux ou de proches immolés, étaient disposés dans leur tombe.
L'exposition présente une série de somptueux masques funéraires en mosaïque de matériaux précieux qui avaient une fonction de protection magique contre les êtres maléfiques qui étaient apposés sur le visage des dignitaires défunts ainsi qu'un florilège de bijoux, notamment en jade, qui étaient intégrés au trousseau mortuaire.
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