Comédie écrite et mise en scène par Yasmina Reza, avec Zabou Breitman, Romain Cottard André Marcon (en alternance avec Michel Bompoil) et Dominique Reymond.
La romancière et dramaturge Yasmina Reza revient à la scène avec une comédie qu'elle définit comme une variation sur le dévoilement, les froissements psychiques, l’ambiguïté des rôles, le no man’s land que constituent ces rencontres sociales soi-disant fraternelles et la solitude qui en découle.
Concrètement, "Comment vous racontez la partie" ressortit à la comédie parodique épinglant la vacuité de l'inflation culturelle dont sont porteurs, en l'occurrence, les médiateurs culturels, les journalistes littéraires et les écrivains eux-mêmes.
Yasmina Reza prend donc le risque de traiter d'une thématique rebattue qui, au demeurant, a été traitée de manière plus percutante que ce soit dans le registre humoristique, les "Renkontres" de Kad et Olivier, burlesque, "Madame La culture présente l'installation-spectacle-installation (p)latitudes" de Rafaëlle Arditi, ou satirique, tel, par exemple,"Journalistes" de Pierre Notte.
Sa partition, composée d'une suite de micro-scènes, narre la journée particulière d'une romancière reconnue. Celle-ci, peu diserte sur les tenants et aboutissants de son écriture, accepte, contrairement à ses habitudes, de participer au "samedi littéraire" qui lui est consacré dans une bourgade de la France profonde.
Mais comme elle se montre rétive et ne se prête pas au "jeu" de l'interview mené par une enfant du pays devenue une gloire de la critique littéraire, la manifestation tourne court.
Egalement à la mise en scène, Yasmina Reza opte pour le registre du divertissement comique avec gestuelle appuyée qui serait celui de la comédie "grand public" si, par symétrie à l'oxymore vitézien, elle ne se déroulait dans des décors hopperiens de Jacques Gabel et n'était portée par une distribution classieuse.
Fagotée en provinciale vintage, Zabou Breitman assume avec assurance le rôle de l'écrivaine et lui apporte son naturel malicieux. Dominique Reymond s'en donne à coeur joie dans la posture de la journaliste infatuée rompue à la pratique de l'autocélébration par voie d'interview spécieuse voire absconse.
Romain Cottard, un des vrais talents de la jeune génération de comédiens qui s'est notamment distingué au Théâtre de Belleville dans une adaptation de "L'idiot" de Dostoievski, réussit une belle composition de bibliothécaire aux allures de giton qui se sent investi d'une mission de lutte contre le sous-développement culturel des campagnes
Enfin, l'apparition tardive de André Marcon en truculent édile paternaliste marque le retour à la prosaïque réalité avec la scène la plus réussie, celle de l'épilogue désenchanté de l'après cocktail. |