Spectacle chorégraphique mis en scène par André Pignat, et Géraldine Lonfat, interprété par Géraldine Lonfat, Thomas Laubacheret Virginie Quigneaux.
La Compagnie Interface que le public parisien a pu découvrir avec "Shabbath" en 2012 revient au Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk où elle a présenté "L'oubli des anges" la saison dernière avec "Teruel", première partie de la tétralogie sur le Mythe de l'homme (avec "Shabbath", "Kaos" et "Pazzi").
S'inspirant du livre "Rhône saga" de Pierre Imhasly, le spectacle reprend le rituel de la corrida pour montrer l'opposition entre l'homme et la femme ainsi que l'attirance qui les meut.
Les protagonistes sont entraînés dans une confrontation qui allie force et passion. Les corps sont jetés dans l'arène sans possibilité de faire marche arrière, le combat doit avoir lieu sans qu'aucun ne puisse se défiler. L'homme d'abord observe et puis rentre dans la ronde.
Dans l'enclos au sol de sciure montent les vapeurs d'une chaude soirée d'été. La terre brûlante éléctrise les corps, comme un orage dedans, les séquences s'enchaînent à la vitesse d'un taureau au galop.
Chaque assaut de l'un vers l'autre est vécu à cent pour cent et rapidement il n'y a plus que les respirations haletantes. Les corps se tendent et se détendent, s'allongent, se recroquevillent, se serrent, se lovent l'un contre l'autre.
Quoiqu'on puisse penser de la corrida, on est captés par l'impact extraordinaire de ce spectacle total.
Encore une fois, à la mise en scène, André Pignat tel un grand chef, marie à merveilles les ingrédients : texte puissant (de l'auteur de "Rhône saga"), musique envoûtante (de lui-même) et sublime chorégraphie de Géraldine Lonfat.
Il en résulte un spectacle brillant et fort dont les images impriment la rétine. Un moment hors du temps d'un esthétisme absolu à la sensualité permanente où, comme pour tous les spectacles de la troupe suisse, on retient son souffle jusqu'à la dernière seconde.
Tous les ingrédients sont réunis pour faire de "Teruel", un nouvel opus culte de la compagnie. Géraldine Lonfat, danseuse d'exception, est à l'apogée de son art, Thomas Laubacher dans le registre théâtral, oppose une vraie énergie et une belle précision.
Enfin, Virginie Quigneaux complète le trio avec talent et danse avec fougue; tous trois nous entraînant en un fascinant affrontement, une opposition où l'amour et la mort dansent avec le feu de la vie.
Un spectacle fiévreux et passionné qui magnifie la femme comme il se doit. |