Comédie de Peter Licht d’après la pièce éponyme de Molière, mise en scène de Catherine Umbdenstock, avec Nathalie Bourg, Chloé Catrin, Clément Clavel, Charlotte Krenz, Lucas Partensky et Claire Rappin.
Pour "L'Avare : un portrait de famille en ce début de 3ème millénaire", il y a lieu d'oublier la pièce originelle de Molière dont seule est retenue la situation introductive d'autant que la partition conçue par Catherine Umbdenstock résulte d'une double novation.
En effet, elle procède d'une adaptation conséquente d'une pièce de PeterLicht, artiste pluridisciplinaire allemand en vogue, musicien qui sévit dans le champ théâtral, elle-même réécriture contextualisée de l'opus moliéresque pour traiter du vide existentiel de la génération Y atteinte d'une frénésie consumériste alors même qu'elle rejette la société capitaliste.
Le texte combine le théâtre du dire, et du dire vide, et l'écriture dite "du quotidien", reflet d'un langage parlé contemporain quasi vernaculaire, ce qui se traduit par une trame dialoguée indigente dans laquelle sont insérées, de manière contrastée, des diatribes monologales.
Apathiques et fainéants, sans valeur ni repère autre que l'argent, les enfants d'Harpagon, plus virulents à exciper de leurs droits qu'à assumer leurs devoirs, trépignent et vilipendent un père égoïste et avare qui refuse de leur donner immédiatement leur part d'héritage.
Si la fille s'apitoie sur son sort, le fils injurie son père, vomit sur les "vieux" et le coût de la dépendance des personnes âgées n'hésitant pas à prôner l'euthanasie, et disserte sur le néo-libéralisme et le valet de Cléante enfourche la cavale opportuniste de la lutte des classes.
Dépourvu de puissance dramaturgique, le texte tourne en rond, s'essouffle et la situation s'enlise avant de verser dans la thématique écologique, le réchauffement climatique permettant la sortie de scène.
La mise en scène de Catherine Umbdenstock, artiste associée en résidence pour trois années au Théâtre de la Commune, n'appelle guère de commentaires tant elle s'inscrit dans les codes récurrents de la jeune scène contemporaine que sont l'esthétique du laid, l'utilisation intempestive de la vidéo, en l'occurrence avec caméra au poing, les inclusions musicales vintage, en l'espèce dispensés façon karaoké, et des personnages archétypaux passés au moule pseudo-trash de la caricature réductrice.
Ainsi le virulent Cléante (Lucas Partensky) ressemble à Julien Doré, sa soeur (Claire Rappin) et le valet (Clément Clavel) ont adopté le look des cités, l'insipide Marianne (Charlotte Krenz) est un clone de la chanteuse Lana del Rey et le fiancé (Chloé Catrin) est un punk transgenre. Le cinquième personnage (Nathalie Bourg) est la "souillon" de service qui prône la décroissance.
L'intérêt du spectacle réside dans la prestation des jeunes comédiens, issus pour la quasi totalité de la promotion 2010 de l'Ecole du Théâtre National de Strasbourg, qui se positionnent dans la catégorie des talents émergents de leur génération. |