Comédie satirique de Francisco Arrabal, mis en scène de Sotha, avec Gino Lazzerini, Jérémy Manesse, Raïssa Mariotti, Jean-Romain Krynen, Manon Rony et Christine Anglio.
Premier opus du dramaturge espagnol Francisco Arrabal, "Pique-nique en campagne", dont le titre joue sur la polysémie du mot "campagne", constitue un édifiant pamphlet contre la guerre en forme de la comédie burlesque profondément politique et cependant joyeusement loufoque.
Ecrite en 1952, cette pièce courte, emblématique de son oeuvre littéraire et théâtrale placée sous le signe du rire érigé en arme de résistance et de satire, n'a pas pris une ride car, comme l'indique judicieusement, avec son humour au second degré, Sotha qui en assure la mise en scène, "c'est nous qui avons vieilli".
En prologue, Sotha a inséré "Le dormeur du val", bouleversant poème de Rimbaud, sur la jeunesse sacrifiée, que lit un soldat (Gino Lazzerini) allongé sur un muret de sac de sables face à un splendide paysage évoquant l'immanence d'une nature paisible.
Sa solitude de vigie en ligne de front est troublée par l'arrivée inattendue de ses parents (Jérémy Manesse et Raïssa Mariotti) pour qui il n'est pas question, même en temps de guerre, de renoncer au pique-nique dominical. A peine entamé le saucisson, voici que surviennent un trouffion du camp adverse (Jean-Romain Krynen) et deux brancardières (Manon Rony et Christine Anglio) en quête de blessés.
Le père exalté est nostalgique de la bataille rangée avec fantassins fleur au fusil et cavaliers empanachés vêtus d'uniformes aux couleurs éclatantes et drapeaux claquant au vent alors même qu'il n'a jamais été enrôlé, la mère est confiante car il ne peut rien arriver à son rejeton puisque papa est là, les jeunes troufions candides et hébétés ne savent même pas pourquoi ils se battent et les brancardières sont angoissées parce qu'elles ne réalisent pas les objectifs assignés.
L'absurdité de la guerre, le cynisme militaire et l'aveuglement nationaliste sont dénoncés avec un sens aigu de la dérision ludique, registre de prédilection du Café de la Gare que reprend avec enthousiasme la jeune troupe formée par ses aînés fondateurs. |