Réalisé par Michael Sturminger. France/Allemagne/Autriche/Portugal. Biopic. 1h58 (Sortie le 19 novembre 2014). Avec John Malkovich, Veronica Ferres, lorian Boesch, Miah Persson, Kate Lindsey, Anna Prohaska, Barbara Hannigan et Kerstin Avemo.
Véritable curiosité cinématographique, brillante fantaisie et divertissement spectaculaire, "Casanova Variations" tente et réussit un singulier mélange des genres doublé d'une belle audace formelle.
S'y ajoutent des télescopages spatio-temporels et une superposition échevelée de mises en abime entre la fiction, la réalité, le réel et la représentation tout en malmenant l'illusion théâtrale et cinématographique pour sublimer le mythe du séducteur tel qu'il s'est incarné dans "il signore Giacomo Casanova".
En effet, littérature, théâtre et opéra sont sollicités pour retracer, non sans humour dérision et licence artistique, quelques épisodes de la vie romancée du plus célèbre des Vénitiens et les derniers jours du vieux galant relégué bibliothécaire au fin fond de la Bohême dont les mémoires en cours d'écriture semblent convoités par une belle et énigmatique femme de lettres allemande.
Casanova c'est John Malkovitch. Un rôle à la mesure et à la démesure de celui devenu l'archétype du libertin depuis sa charismatique incarnation du duc de Valmont dans "Les liiaisons dangereuses" de Stephen Frears. Son charme n'a pas pris une ride.
Et il faut tout le hiératisme germanique de la superbe Veronica Ferres pour résister et traiter de comédien l'auteur d'une invite aussi bien tournée que celle-ci "Vous pourriez devenir ces variations, vous pourriez être ma plume, ma bougie, mon parchemin, et chacune des lignes de chaque chapitre".
L'acteur se délecte manifestement de ce double voire triple jeu et d'une partition qu'il connaît bien puisque celle longtemps jouée dans le spectacle "The Giacomo Variations" mis en scène par le metteur en scène de théâtre et d'opéra Michael Sturminger qui en signe la transposition filmique.
Jubilatoire pour l'esprit, il propose un biopic s'affranchissant des contraintes de la linéarité pour y substituer une approche kaléidoscopique par un procédé qui emprunte tant à la variation musicale qu'aux miscellanées.
Par ailleurs, régal pour les yeux avec la beauté des images captées par le directeur de la photographie André Szankowski, avec des décors "picturaux" et des costumes d'époque qui transportent au 18ème siècle libertin, siècle des plaisirs et des fêtes galantes, il constitue un délice pour les oreilles avec les prestations de chanteurs lyriques émérites dont entre autres Florian Boesch, Miah Persson, Kkerstin Avemo et Jonas Kaufmann, qui dispensent, avec l'Orchestre académique de Vienne dirigé par Martin Haselböck la quintesssence mozartienne avec les airs principaux de "Cosi fan tutte", "Les Noces de Figaro" et "Don Giovanni".
Le film se déroule en sarabande échevelée et la caméra, comme ivre de sa propre virtuosité, virevolte avec vélocité, une vélocité amplifiée par le montage vertigineux à en donner le tournis de Evi Romen qui use allègrement des fondus enchaïnés proches du morphing.
Un effet de style, certes, mais exquis, nonobstant d'aucuns pour qui cela constitue la critique ultime, qui correspond à celui du monde qui y est dépeint et s'étourdit dans la frivolité et la jouissance du moment présent, |