Comédie de Colette, mise en scène d'Anne Kreis, avec Jean-Paul Muel, Jean-Jacques Moreau et Vanessa Devraine
Extrait de l'oeuvre de Colette, Dialogues de bêtes nous propose de découvrir ou de re-découvrir l'admirable prose de Colette qui raconte les aventures de Toby, le petit bull, et de Kiki-la-Doucette, le matou philosophe.
Comme tous leur congénères, ils voyagent, se reposent à la campagne, veillent leur maîtresse souffrante et guettent les visites. Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Derrière chaque péripétie de la vie animale que la langue riche, colorée et sensuelle de Colette dépeint avec tant de truculence, se cache une vraie petite fable sur les rapports humains.
La mise en scène vivante et épurée d'Anne Kreis permet aux comédiens de mettre leur talent au service d'un texte sensible, drôle, émouvant, cocasse et leur interprétation rigoureuse, qui évite tout antropomorphisme et cabotinage, est tout simplement excellente.
Sous les paupières lourdes de Jean-Jacques Moreau, le regard de Toby, fanfaron et plein de joie de vivre s'anime et apparaît devant nos yeux ébahis son agacement des mouches, son ouvrage de terrassier dans le terrier du lapin, ses émois amoureux coupés net par la taille des chiennes du voisinage qui lui apparaissent comme des géantes. Quant à Jean-Paul Muel, il est inénarrable en félin égocentrique, parfois manipulateur et machiavélique. Qu'il se roule sur le canapé, se perche sur un escabeau, crache de rage, fait le dos rond ou disserte sur la vie, il est tout bonnement irrésistible.
Qu'ils devisent aimablement, se chamaillent, ou se détestent cordialement, ces deux-là ne sont plus tout à fait des humains.
Et quand Toby rencontre enfin une ravissante petite chienne parisienne à sa taille, à laquelle Vanessa Devraine prête sa grâce diaphane, et qui de surcroît succombe au récit de ses ballades champêtres, le spectateur attend, fébrile, les aventures du trio.
Las, c'est le dernier tableau ! Ce fût bien court mais ô combien délicieux !
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