Imaginez que, comme dans le film Hibernatus avec Louis de Funès, un homme des années 70 soit retrouvé dans les glaces du Pôle Nord et décongelé ces jours-ci. Imaginez encore, qu'il tombe sur le disque Glitter Glamour Atrocity des White Hills, réédité il y a peu chez Thrill Jockey. Et bien vous pourrez lui dire ce que vous voudrez, il ne croira jamais être resté prisonnier de la glace tout ce temps. Vous l'aurez compris, White Hills est un trio qui a décidé de situer sa musique dans les années psychédéliques, époque où les omelettes aux champignons n'étaient pas que l'œuvre de chefs à toque blanche. Et cela se ressent dans les compositions, que je qualifierais d'éthérées, pour ne pas tomber dans la facilité du terme planant.
Le rock psyché comme base donc, mais avec des guitares plutôt lourdes, très présentes. Le tout agrémenté de pédales wah-wah, de solos de guitare enivrants, voire limite interminables, et ce sur des titres affichant jusqu'à treize minutes pour le fantastique et épique dernier titre éponyme. A telle enseigne, qu'on est en droit de se demander si le guitariste n'a pas installé un manche de basse sur son instrument, pour avoir plus de place pour ses solos. Des lignes de basse encrées dans le sol, avec quelques voyages vers les hauteurs. Mais aussi des sons électroniques sortis du passé, poussés comme à l'époque des premières expérimentations sur synthétiseurs naissants. Dans ces années-là, l'abus d'omelettes pouvait aussi conduire à des bad trips. Ici, le titre "Long Serve Remember" va vous en faire revivre un, la présence de la voix de ce cher George W Bush en césure du titre, venant s'immiscer dans le doux et vaporeux voyage où nos oreilles s'étaient pelotonnées. Ce qui induit que le groupe n'est pas dans une optique flower power, mais bien dans une dimension plus arty et plus contestataire.
Si les premières écoutes pouvaient faire craindre une caricature du genre, l'intelligence des compositions qui savent ne pas abuser de ficelles trop faciles, relève l'ensemble à un niveau bien plus intéressant qu'il n'y paraît. Les trois musiciens savent ménager leurs effets pour mieux rebondir et ce en restant proche de l'esprit du genre musical qu'ils ont choisi comme credo. Une jolie découverte, pour une fin d'année, un disque à écouter en fixant la lampe lave des parents.
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