Textes de Jehan Rictus, mise en scène évidente de l'auteur, adaptation texte Jean-Claude Dreyfus, avec Jean-Claude Dreyfus et Fabrice Carlier.
Sous un nom de plume inspiré d'un vers de Villon, Gabriel Randon, artiste de la Butte Montmartre, est devenu, usant du langage populaire, Jehan Rictus poète de la souffrance et du cœur "des vaincus, des écrasés, des sans espoirs, des sans-baisers, de ceuss'là qui z'en ont soupé, des écoeurés, des trahis, des pâles, des désolés".
Jean-Claude Dreyfus nous propose un montage de ses plus beaux textes. De "L'hiver" au "Pauvre Julien", le matelassier assassin, du "Revenant" avec le retour du charpentier rouquin aux "Masons" et nous offre avec Fabrice Carlier une descente aux enfers du quotidien.
Jean-Claude Dreyfus, colosse magnifique, s'empare à bras le corps des textes et les transmet avec cette énergie du désespoir et cette rage de la révolte qui animait leur auteur et ceux dont le coeur saignait à même les pavés parisiens.
En contrepoint, Fabrice Carlier, fragile et écorché vif, incarne avec émotion le titi gouailleur, roi du bitume, et l'ouvrier au destin sans issue faute d'amour. La langue est truculente même si elle parfois âpre, le verbe est riche même s'il s'agit des mots des pauvres gens et la parole engagée car Rictus a été un de ces pauvres errants, ceux qui malgré tout
nourrissent un rêve, qu'ils savent peut être utopique, celui de faire batir une niche ouverte à tous et dans laquell les hommes seront libres, égaux et frères. Ça ne vous rappelle rien?
Il est loin le temps des escaliers de la Butte qui sont durs aux miséreux, comme chantait Cora Vaucaire, depuis que Montmartre a été investie par les bobos. Mais au coin de la rue, regardez bien...
|