Comédie de Marc Bassler et Philippe Sohier, mise en scène de Philippe Sohier, avec Delphine Zana et Marc Bassler.
Un grand loup solitaire se morfond au fond du marais poitevin en écoutant Alain Bashung. Cheveux longs, barbe poivre et sel, il a la cinquantaine séduisante nonobstant un air bourru de péquenaud et le port du "marcel".
Débarque dans sa baraque d'ermite mal embouché, à la faveur d'une (providentielle ?) panne de voiture, une exubérante citadine quadra célibattante tirée à quatre épingles.
Entre le taiseux, hippie babacool sur le retour ou décroissant misanthrope davantage que cultivateur, et le moulin à paroles qui, ne se laissant pas marcher sur les stilettos, s'incruste, la confrontation est rude.
Tout laisse accroire que Marc Bassler et Philippe Sohier, co-auteurs de "A vol d'oiseau ça fait combien ?", livrent une comédie romantique convenue sur le thème de l'ours et la poupée. Mais, ils ont de la bouteille et plus d'une corde à leur imagination.
En effet, ils ont concocté, selon le principe du train qui peut en cacher un autre, une comédie de moeurs en trois actes et double, voire triple, rebondissement qui se déroule sous forme d'un huis-clos à suspense avec une intrigue bien ficelée dont il convient de réserver la primeur au spectateur.
Comme ils sont également comédiens et metteurs en scène, ils ont particulièrement soigné les dialogues qui intègrent l'humour et le cynisme qui masquent les failles, la comédie et le drame parce que c'est la vie, afin d'élaborer deux belles partitions pour les acteurs leur permettant de naviguer dans différents registres.
Bien que réputé comme metteur en scène de spectacles d'humour pour lesquels le sur-jeu est de rigueur, Philippe Sohier sait faire patte de velours et signe une mise en scène sobre qui ne verse jamais dans la recherche de l'effet facile et assure une direction d'acteur efficace pour éviter le numéro d'acteur.
Rodée au one woman show, Delphine Zana possède l'abattage nécessaire pour soutenir le rôle de pseudo-amazone qui permet d'installer la situation tout en s'avérant tout à fait convaincante dans un registre dramatique plus sensible. Quant à Marc Bassler, il soutient parfaitement les contradictions et désenchantements de sa créature de papier en lui apportant l'humanité nécessaire.
Offrant une bienvenue alternative à la multitude de comédies potaches sur les moeurs adulescentes, cette comédie se révèle aussi inattendue qu'attachante. |