Desperate Journalist a le sens de l’investigation puisqu’il doit son nom à un obscur morceau des Cure. Une version alternative de "Grinding Halt" (extrait de Three Imaginary Boys) intitulée "Desperate Journalist In Ongoing Meaningful Review Situation" lors d’une John Peel Session de 1979, et adressée à Paul Morley, alors journaliste au NME.
Sans autre légende, l’illustration de pochette, familière aux adorateurs du Power, Corruption & Lies de New Order (1983), contribue elle aussi à parer le premier opus de ce quatuor londonien de l’étiquette "revival new-wave / post-punk". Une accroche qui devient plus qu’explicite à la lecture de ces onze titres à travers lesquels il nous révèle sa véritable source : The Smiths. Une inépuisable référence dont il fait l’article avec révérence sans apporter d’arguments nouveaux.
Ce travail d’archives aurait donc bien du mal à attiser notre curiosité s’il n’était pas exécuté, comme The Organ en 2005 (l’album Grab That Gun), avec ardeur et authenticité. Même candeur dans la voix de Jo Bevan (chanteuse et meneuse), même efficacité mélodique, avec le supplément d’énergie et d’urgence propre à d’autres figures de proue plus rageuses de la dark-wave (Siouxsie and The Banshees et, plus près de nous, Savages). Une implication dont ces control freaks ont fait preuve à tous les stades de réalisation du disque (production aux côtés de Keith TOTP, graphisme, vidéo).
Sombres, incisives et ambitieuses, leurs chansons sont surtout portées par des soli de guitare qu’on n’avait pas entendus depuis des piges. Des arpèges virevoltants (sur les addictifs "Control", "Cristina", "Remainder" et "Eulogy") qui placent Rob Hardy dans la lignée d’un certain Johnny Marr et confèrent un supplément d’âme à l’identité du groupe.
Faute de scoop, Desperate Journalist écrit, dans un style direct et musclé, une nouvelle page qui offre un heureux rebondissement au dossier noir de la pop.
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