On a trop souvent tendance à penser (à vouloir même) que le rock est une chose trop sérieuse pour le laisser entre toutes les mains. On voudrait du toujours plus sombre, toujours plus mystérieux, on veut du rebelle qui a plutôt l'air de Dennis Hopper dans Easy rider que de Bart Simpsons. C'est mieux, ça fait plus adulte.
Pourtant, dans le rock, il y a quelques trublions qui prennent le risque de blasphémer ces croyances en ajoutant dans le rock bonne humeur et second degré. On pense en France à Wampas bien entendu, ou encore à Billy Ze Kick en son temps. Et qui dit Billy Ze Kick dit... Zebra, ancien bassiste des joyeux drilles bretons et DJ connu pour justement son manque de convenance avec ses mixes improbables dont il a le secret.
Lassé de ses mixes, Zebra avait eu la drôle d'idée de sortir en 2012 un album inspiré de ses mixes mais jouer en live avec de vraies chansons autour, le tout accompagné ... d'un bagad. Un putain de bagad que tu trouveras rien sur terre de moins rock 'n' roll. Pourtant, ça marchait bien, entraînant, ludique et assez jouissif sur scène en fait. Évidemment, cela n'a pas manqué de faire jaser et une fois encore, certaines dents grincèrent, et les moqueries fusèrent quant à la crédibilité rock du garçon pourtant érudit en la matière.
Mais comme Zebra n'a que faire des qu'en-dira-t-on, il remet ça avec ce nouvel album plus rock mais toujours aussi ludique. C'est donc 36 minutes de chansons rock qui nous attendent, remplies de bonne humeur, de cuivres rutilants et de textes drôles, lucides et un rien caustiques.
Bourré de clins d'oeil, Mambopunk nous raconte un peu Zebra lui-même comme sur "Peau de zèbre" ou "J'étais un voleur", sur lequel il revient sur ses activités de bootleggers qui ont fait sa réputation. Très amusant d'autant que si ce disque est comme il le dit lui-même un disque de chansons, il ne se prive pas de jouer avec les genres, des Blues Brothers et le rock à cuivres ("Choisi ton camp, camarade"), à Miossec dont il reprend joliment la "Chanson sympathique" légèrement revisitée, un bootleg textuel en quelque sorte, autre clin d'oeil ("C'est pas parce que t'es DJ que tu dois te mettre à chanter").
Bref, sur Mambopunk, on s'amuse beaucoup, notamment des textes ("Tu chantes comme une p..." ou "Fête à la maison", joyeux bordel qui tient plus d'un sketch) et on aura envie de gigoter sur les rythmes chaloupés capables d'inviter à la fête les plus réticents ("Mambopunk" et son overdose de cuivre rockab').
Zebra, c'est le Joe Dassin des temps modernes, le chaînon manquant entre le rock indie souvent pris trop au sérieux et la musique populaire trop souvent délaissée. Un vrai album de divertissement en somme et cette energie et cette fraîcheur font le plus grand bien de temps en temps ! N'ayez pas honte, il n'y a pas que Pitchfork dans la vie.
Avec la mort de Lynch, c'est un pan entier de la pop culture qui disparait, comme ça, sans crier gare. Il reste de toute façon sa discographie qui n'a pas attendu sa mort pour être essentielle. Pour le reste, voici le sommaire. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !