Comédie d'après le roman éponyme de Raymond Queneau, mise en scène de Sarah Mesguich, avec Léopoldine Serre (en alternance avec Joëlle Luthi), Jacques Courtès, Amélie Saimpont (en alternance avec Charlotte Popon), Alexis Consolato (en alternance avec Tristan Wilmott), Alexandre Levasseur et Frédéric Souterelle.
Beau challenge auquel s'est confronté Sarah Mesguich avec son adaptation théâtrale de "Zazie dans le métro", roman-culte de Raymond Queneau qui narre la folle journée en forme de déclinaison fantaisiste du voyage initiatique, dans le Paris populaire des années 1950, d'une gamine effrontée au caractère affirmé qui se confronte à la réalité du monde adulte en croisant une pittoresque galerie de personnages aux moeurs interlopes.
L'entreprise s'avère d'autant plus hardie qu'il est complexe de transposer sur scène dans un format de durée standard non seulement une oeuvre littéraire mais, comme en l'espèce, une randonnée qui contrevient à l'unité de lieu.
A ce titre, elle s'inscrit dans une tendance à contre-courant du théâtre post-moderne qui renoue avec le théâtre d'histoires portant sur scène et dans leur "jus" des fresques narratives adaptées d'oeuvres littéraires (William Mesguich avec "Les Mystères de Paris" de Eugène Sue, Jean Bellorini avec "Paroles gelées" d'après Rabelais et "Tempête sous un crâne" d'après Victor Hugo) ou de création (Alexis Michalik avec "Le Porteur d'Histoire" et "Le Cercle des Illusionnistes").
Sarah Mesguich a su élaborer une mise en scène dynamique, vive et alerte qui se déploie autour de la scénographie astucieuse et légère composée de quelques meubles mobiles et transformables conçue par Camille Lansquer et de la judicieuse projection en surimpression d'images d'archives de rues et monuments parisiens sonorisées et musicalisées par Arnaud Laurens qui permettent de signifier les différents lieux et espaces.
De la Tour Eiffel au Marché aux puces, du bistrot au cabaret, et le spectacle est diligenté de manière chorale par une petite troupe dynamique bien dirigée par Sarah Mesguich et qui prend manifestement plaisir au jeu.
Dans le rôle du personnage-titre, Léopoldine Serre à la belle fraîcheur, et dont le physique et à la voix juvénile assurent la crédibilité nécessaire, déploie une gouaille et un abattage fédérateurs. Avec ce "speedy gonzales", tout va à cent à l'heure, sans temps mort.
Et elle entraîne dans son tourbillon espiègle trempé à la langue argotique Jacques Courtès, le bonhomme tonton le jour et transformiste la nuit, Frédéric Souterelle, le patron de café, Alexis Consolato, le chauffeur de taxi frustré, Alexandre Levasseur, le flic-satyre, et Amélie Saimpont qui mérite une mention spécial "fregoli" pour camper efficacement tous les autres personnages féminins, de la mère coeur d'artichaut de Zazie à l'accorte serveuse en passant par la tante muette et la veuve amoureuse. |