Comédie dramatique de Aude-Laurence Clermont Biver, mise en scène de Sei Shiomi, avec Marion Petit-Pauby, Ivan Cori, Jean Dutelle et Shohreh Sabaghy.
Dans un wagon abandonné où elle a trouvé refuge et va s'isoler après les cours, Sam l'étudiante voit arriver un jour Sorhab, un jeune réfugié afghan en fuite.
Peu à peu, une relation amoureuse solide mais conflictuelle va se nouer entre ces deux êtres en souffrance qui ont chacun un lourd passé.
Aude-Laurence Clermont Biver a écrit une comédie dramatique et romantique moderne qui possède une petite musique singulière. "Laleh, une fleur en partage" est une pièce intimiste qui avance doucement et propose deux beaux portraits de jeunes d'aujourd'hui ainsi qu'une photographie sensible du monde actuel.
La mise en scène de Sei Shiomi, particulièrement précise et inspirée, pourrait toutefois gagner en énergie mais le ton est juste et les interprètes, sincères et touchants. Malgré une scénographie minimaliste qui n'aide pas à imaginer ce que ce pourrait être et l'ampleur que la pièce pourrait prendre dans un vrai décor, on se laisse emporter par la grâce des deux interprètes principaux et l'intensité des deux autres.
Dans le rôle de Sam, Marion Petit-Pauby est une vraie révélation. Portant la pièce du début à la fin, elle incarne avec finesse, sobriété et une émotion infinie tous les tourments de son héroïne.
Elle est bluffante de justesse et de spontanéité. Il est certain qu'on en entendra encore parler. A ses côtés, Ivan Cori est tout aussi bouleversant et absolument crédible en Sohrab.
La grande idée de la pièce, c'est d'avoir représenté les doubles des deux par un homme pour elle (Jean Dutelle, à la présence indéniable et aux acrobaties époustouflantes) et par une femme pour lui (Shohreh Sabaghy, au regard pénétrant). Tous deux apportent leur bienveillance et leur complémentarité tout au long de cette histoire.
Encore en rodage, le spectacle devrait gagner encore en rythme, en densité et se bonifier au fil des représentations. Néanmoins, la troupe s'en sort plutôt bien et nous propose une belle création qui recèle des moments très touchants.
Tout est dit à voix basse et douce pour ces jeunes gens meurtris par la vie qui n'osent plus crier leur souffrance. La fin, absolument poignante nous cueille définitivement, tout comme ces personnages marquants.
Une première pièce émouvante qu'il faut aller découvrir. |