Réalisé par Stefan Liberski. Belgique/France/Canada. Comédie. 1h40 (Sortie le 4 mars 2015). Avec Pauline Etienne, Taichi Inoue, Julie Le Breton, Alice de Lencquesaing, Akimi Ota, Hiroki Kageyama, Tokio Yokoiet Hiromi Asai.
Si, d'emblée, l'on écrit que "Tokyo Fiancée" de Stefan Liberski est un film belge adapté du énième roman d'Amélie Nothomb, "Ni d'Ève ni d'Adam", on risque de faire fuir inutilement des spectateurs peu friands de la dame tartine au chapeau bizarre et à la plume trop fertile.
Restez ! Restez ! Que tout le monde reste !
Car Stefan Liberski a parsemé son adaptation, pourtant fidèle au roman, d'intentions qui font basculer "Tokyo Fiancée dans une autre dimension que celle prévue par l'impertinente Amélie.
D'abord, il a eu une idée géniale : faire jouer le rôle de la petite Belge qui s'en revient au Japon où elle a passé sa toute petite enfance par Pauline Étienne. Avec son physique mimi qui aurait pu intéresser Rohmer, période "Reinette et Mirabelle", la toute jeunette actrice que l'on a vu dans "La Religieuse" de Guillaume Nicloux rayonne en vraie fausse japonaise.
Jamais personne ne cherchera à la comparer à l'auteur d' "Hygiène de l'assassin". Mieux, dès qu'elle tombe sur Rinri, le jeune Japonais qui devient l'unique élève à qui elle donne des cours de français et de française, elle n'a plus rien avoir avec celle dont théoriquement elle interprète l'existence.
Autre atout du film : Stefan Liberski s'est visiblement inspiré du travail formel d'un autre écrivain belge, Jean-Philippe Toussaint, quand celui-ci, avec notamment "La Patinoire" ou "La Sévillane", s'est essayé au septième art. Comme lui, Stefan Liberski a soigné certaines couleurs, a travaillé ses plans pour y introduire des petits détails gentiment incongrus.
Dès lors, son film montre un Japon original, sympathique, souvent à l'opposé des clichés attendus, et dans lequel il peut faire bon vivre, même un amour hétérodoxe.
Les pérégrinations nippones du couple Pauline Étienne et Taichi Inoue seront prétexte à montrer tout un aspect inédit d'un pays malheureusement mal connu et abonné aux malentendus.
"Tokyo Fiancée" de Stefan Liberski, sous des dehors de "petit film sans prétention" réussit à s'interroger sur ce qu'être étranger veut dire et sur ce que s'assimiler signifie. Leçon pleine de charme, et jamais assénée de manière didactique, "Tokyo Fiancée" est un film chaleureux dans lequel il fait bon être.
La compagnie de ce petit Tintin en jupons nippons qu'est Pauline Étienne n'y est pas pour rien. Elle transcende cette adaptation réussie d'un roman d'Amélie Nothomb pour en faire pour elle un film référence. Sa balade au pays du soleil levant restera dans toutes les mémoires. |