Pas vu les feuilles tombées, pas vu les feuilles venir, et oui c’est déjà le printemps, et qui dit printemps dit musique printanière, soleil, légèreté, jupes, épaules dénudées et... et je me calme immédiatement.
Pour mettre du soleil dans vos oreilles, Husbands, groupe Marseillais tirant son nom d’un film de John Cassavetes, alors que moi je pensais que c’était un jeu de mot : notre groupe avec du hash, il faut dire que j’ai un humour de... Heu, enfin vous voyez ce que je veux dire (oui, ça ne se fait pas de dire merde dans une chronique, donc je m’abstiens). Husbands est ce qu’on appelle un Supergroupe, ou un All-Star Band, c’est dire que les trois membres du groupe font partie d’autres groupes : Nasser, Oh! Tiger Mountain et de Kid Francescoli. Après un EP et des clips qui buzzent sur les Internets de la toile, voici leur premier album. Attention, nous sommes en présence d’un album potentiellement à tubes, qui peut totalement marcher grave sa mère que même ta mère elle l’a entendu, c’est dire.
Le souci des albums dit "tubesques", c’est que parfois ils semblent un peu faux, un peu fabriqués, artificiels, faits pour être tubesques justement, et on ne va pas se mentir (Catchphrase !), c’est parfois un peu le cas ici. Même si le storytelling d‘Husbands nous dit le contraire : "c’est juste des amis réunis juste pour l’amour, la passion de la musique", oui c’est sans doute vrai aussi. Les chansons sont globalement bâties sur le même modèle : des petits chik-poum et des tac-tac, un peu de Bontempi, une grosse voix pour le couplet et des refrains en chœur, en harmonie qui reste bien en tête, un final où on chante tous ensemble en se tenant la main, avec un format totalement calibré pour un matraquage radiophonique. Donc sur la longueur, c’est parfois un peu répétitif mais pourtant ça marche. Alors pourquoi ça marche ? Et pourquoi ça va marcher ?
Très bonne question, vous voyez quand vous voulez ! Husbands a un sens incroyable pour des mélodies légères, sautillantes et pour des refrains accrocheurs dont une seule écoute suffit pour que vous le chantonniez en yaourt ("Dream", "Who Knows ?", "You, Me, Cellphones"). C’est extrêmement efficace, entêtant, avec une sonorité on ne peut plus dans l’air du temps. Mais attention, c’est un piège ! Au fur et à mesure du disque, le côté léger et sautillant disparaît peu à peu pour faire place à une mélancolie douce et avec toujours cette même efficacité, c’est trop tard vous avez été pris en otage par les tubes des débuts de l’album, vous ne pourrez plus vous en défaire, et allez vite découvrir ce qu’est le syndrome de Stockholm.
Husbands se permettent d’aller dans le côté obscur de l’electopop tubesque, ils livrent un disque faussement dansant, faussement joyeux, faussement mélancolique, faussement planant (dans le bon sens), mais dont la réussite est vraie. C’est un disque qui n’est pas ce qu’il semble être, qui se permet de partir dans des boucles planantes ("Run Along, Son") avant de vous achever avec une chanson légère au possible en forme de blague potache ("Michel") comme pour vous aider à redescendre du trip que vous venez de gober.
Husbands d’Husbands ressemble à un disque de printemps et s’il nous rappelle que le printemps c’est la renaissance, le soleil, la joie, youhou, il n’oublie pas que le printemps c’est aussi un peu triste, que certes il y a du soleil mais qu’il y pleut beaucoup aussi, que c’est un printemps de plus, que les bonnes résolutions sont loin et qu’on va a priori tous mourir. L’écoute d’Husbands vous fera dire que la vie n’est peut-être pas si moche malgré tout, et qu’importe les nuages. Et un disque qui vous fait dire ça, c’est évident que ça va marcher.
# 03 novembre 2024 :Pendant que l'on retient notre souffle
Une semaine qui verra, ou non, le monde basculer du côté obscure de la force, la force avec un petit "f". D'ici là cultivons-nous pour éviter de finir comme "eux". Et toujours Le replay de la MAG#91 disponible en attendant la #92 le 8/11...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.