Spectacle de théâtre-performance conçu par Ricci/Forte, mise en scène de Stefano Ricci, avec Anna Gualdo, Giuseppe Sartori, Piersten Leirom et Gabriel Da Costa.
Difficile d'oublier les spectacles du Collectif Ricci/Forte, engagé dans "un art sans limite qui interroge grâce à son esthétique et son contenu" qui rejette tous "les embellissements hypocrites du théâtre bourgeois divertissant" , a minima pour la qualité performative de ses officiants et les secousses sensorielles qu'il inflige au spectateur.
Sur ce point, si "Imitation of death", présenté en 2013 dans le cadre du Festival idéal Standard organisé par la MC 93, vrillait les tympans par une bande-son assourdissante, en 2015, dans ce même cadre, l'habillage musical de "Darling" s'est fait mid-tempo pop et crooner, et ce sont les lumières - un plafond de néons blancs et, surtout, les énormes projecteurs feux orientés pleins feux à l'horizontale vers la salle - qui explosent les yeux du spectateur. Cela étant, sur le fond, "Darling" déçoit et ne convainc pas.
En effet, toujours investis dans la thématique de la déréliction de la société contemporaine, les deux cavaliers de l'apocalypse, Stefano Ricci et Gianni Forte, ont axés leur réflexion sur des "Hypothèses pour une Orestie", la fameuse trilogie d'Eschyle qui, au terme d'un cycle de vengeances intestines, scelle la séparation des hommes et des dieux.
Quelles sont-elles se demande l'esprit curieux ? Avec la mort de Dieu au 20ème siècle, ne restent que les hommes qui sont voués à l'auto-extermination par la guerre bactériologique, les survivants luttant pour la survie de l'humanité par la reproduction in vitro.
Ce qui est un peu court d'autant que leurs hypothèses manquent de souffle dramaturgiques et s'appuient sur une iconographie rebattue d'hommes en combinaison orange s'activant sous le bruit des hélicoptères façon "Apocalypse now" et de culture des embryons, fut-elle en pot sous arrosage automatique.
Le spectacle est à l'aune de la scénographie qui repose sur un seul élément, la boîte, en l'espèce un container métallique, à l'intérieur duquel se déroulent des combats acharnés avant d'être complètement démantelé pour ne laisser découvrir... que du vide. Et une pensée pour Anna Gualdo, Giuseppe Sartori, Piersten Leirom et Gabriel Da Costa qui, sur scène, se sont dépensés comme de beaux diables. |