Réalisé par Saul Dibb. Grande-Bretagne/France/Belgique. Drame. 1h47 (Sortie le 1er avril 2015). Avec Michelle Williams, Kristin Scott Thomas, Matthias Schoenaerts, Sam Riley, Ruth, Heino Ferch, Tom Schilling et Alexandra Maria Lara.
Du roman inédit d'Irène Némirovsky, publié soixante ans après sa rédaction et couronné en 2004 d'un Renaudot posthume, il était difficile de faire autres qu'une reconstitution à gros budget et à gros effets.
Décrire l'exode de juin 1940 et les débuts de l'Occupation allemande dans un petit village français impliquait un budget conséquent.
Comme les Français, depuis "Papy fait de la Résistance" ne parviennent plus à raconter sérieusement cette période historique, et ne le font désormais que sous le prisme des persécutions antisémites, c'est un réalisateur britannique, auteur de "The Duchess", qui s'y est essayé.
"Suite française" a donc les défauts attendus du genre : une certaine grandiloquence dans le traitement de son sujet et un schématisme qui peut prêter à sourire.
Heureusement, il y a la "patte" Némirovsky avec des personnages ont une réelle épaisseur, comme celui bien carré de Kristin Scott Thomas, maîtresse femme hantée par son domaine, ses termes à percevoir auprès de ses métayers et sa terre à conserver alors que "ses" hommes sont morts ou absents.
Dure, méchante, revêche, elle fait face à sa belle-fille à qui elle reproche encore de lui avoir pris son fils. Michelle Williams est à la hauteur de l'affrontement, comme tout le reste d'un "casting" pas loin d'être royal. Venant de tous les horizons, les acteurs s'agrègent pourtant assez bien et il faut mettre au crédit de Saul Dibb cette prouesse consistant à faire jouer ensemble des acteurs anglo-saxons, comme la depuis lors célèbre Margot Robbie, et des acteurs européens, tels Matthieu Schoenaerts le Belge de "De rouille et d'os", incarnant le bon militaire allemand, ou Lambert Wilson, à son meilleur en Vicomte de Montmort, maire du village tour à tour veule et héroïque.
"Suite française" de Saul Dibb tient la route, voire l'autoroute, pour ne pas dire l' "autostrad". On suivra sans déplaisir les amours coupables, heureusement victimes des circonstances, de Michelle Willams et du bel officier digne d'Howard Vernon dans "Le Silence de la Mer".
On aimera découvrir le grand cœur qui bat derrière le masque de dureté de Kristin Scott Thomas. Ce grand livre d'images d'Epinal, sans nuances, droit dans ses bottes allemandes, va droit au but. Il a le mérite évident de rappeler des temps sans pitié que l'on ne rêve de revoir que sur un grand écran. |