The Phosphorescent Blues
(Nonesuch Records) janvier 2015
Encore quasiment inconnus en France, et donc absolument pas reconnus à leur juste valeur, les Punch Brothers sortent leur quatrième album : The Phosphorescent Blues chez Nonesuch (Björk, The Black Keys, Iron And Wine, etc.) après Punch en 2008, Antifogmatic en 2010 et Who’s Feeling Young Now ? en 2012. Des disques qui ont d’ailleurs connu un certain succès aux Etats-Unis.
Si leur nom n’a pas vraiment franchi l’Atlantique, c’est peut-être à cause du style musical dans lequel le groupe évolue : le Bluegrass (stringband music) "progressif". Dit comme cela, ce n’est pas forcément super excitant, j'en conviens ! Pourtant, ce style de musique, plus ou moins inventé par Bill Monroe, plutôt décrié par chez nous (non, les musiciens qui jouent du bluegrass ne sont pas forcément des crétins en salopettes descendant de leurs montagnes…) a largement de quoi, souvent nous plaire : musique rythmée, harmonies vocales, instrumentation intéressante… En quelques années, les Punch Brothers ont donc contribué à populariser, à densifier et moderniser le Bluegrass progressif (décidément, quel vilain mot que ce terme de progressif…), entre tradition et modernité, en y entremêlant des éléments du jazz, du classique (ici Debussy ou Scriabine), de la pop ou du rock.
Avec virtuosité et un vrai brio, le quintet joue avec les ambiances : les atmosphères passant d’un andante calmato à un allegro assai ! Les mélodies expressionnistes jouent avec élégance au contrepoint, les voix s’entremêlent, se superposent et font penser aux Beach Boys, les cordes (violon, banjo, guitares) explosent, virevoltent (il faut entendre comment ils transforment le passepied de Debussy en une sorte de quatuor à cordes à la palette de couleurs Raveliennes !). L’écriture n’est pas en reste. Les compositions sont toutes en méandres, ont une topographie en rien linéaire. Elles s’amusent à l’équilibriste tout en évitant de sombrer dans une cérébralité trop pesante. Il y a de l’Eugene Chadbourne dans cette musique. Du Andrew Bird, du National, Lester Flatt ou Emerson & Waldron aussi !
Si vous aviez des doutes, The Phosphorescent Blues n’aborde pas les thèmes de la dure vie dans les Appalaches, de meurtriers, d’assassins en cavale ou la rudesse de la condition sylvestre mais parle (parfois un peu de manière moralisatrice…) du pouvoir, de la sur connectivité de notre société, de l’aliénation et de la dépendance aux smartphones. Ce disque va assurément devenir une référence du genre ! Passionnant de bout en bout, intelligent, ce disque a vraiment tout pour vous surprendre et vous enchanter !
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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