La saison 2014-2015 du Théâtre national de l'Opéra Comique est ponctuée d'événements et de festivités célébrant son tricentenaire dont deux expositions.
La première, "L'Opéra Comique et ses trésors" au Centre national du costume de scène sis à Moulins, invite à une déambulation dans son répertoire et les artistes renommés qui firent son succès à travers l'art du costume.
La seconde à Paris, au sein du Petit Palais, placée sous l'égide de figures emblématiques de son panthéon tant par le personnage que son interprète, "De Carmen à Mélisande - Drames l'Opéra Comique" est consacrée à l'un des âges d'or de l'institution lors de la IIIème République.
Le commissariat général est assuré par Jérôme Deschamps, directeur de l'Opéra Comique, et Christophe Leribault, directeur du Petit Palais, et le commissariat scientifique par Agnès Terrier, dramaturge de l'Opéra Comique, et Cécile Reynaud, conservateur en chef au département musique de la BnF.
Partitions originales et manuscrits, costumes, tableaux et dessins, sculptures et documents iconographiques sont présentés dans une scénographie originale élaborée par le Studio Tovar/Alain Batifoulier,.
Car elle joue sur le rapport salle/coulisses en concevant des cimaises inspirées du châssis tendu usité au 19ème siècle pour les décors composés de panneaux glissants et insérant dans les verrières des images des cintres ainsi que des peintures qui ornaient la salle de spectacle.
De Carmen à Mélisande, le drame s'invite à l'Opéra Comique
Le choix des décennies 1870-1914 n'a pas été motivée par le seul constat conjoncturel mais également par le fait que celles-ci constituent, et à plus d'un titre, une période novatrice tant dans l'histoire du lieu que dans l'histoire de l'art lyrique.
En effet,
l'exposition se déroule, de manière chronologique, autour de sept créations, oeuvres emblématiques devenues pérennes et toujours à l'affiche.
Elles ont scandé la vie musicale de la IIIème République en deux moments ordonnés autour d'un autre drame, un drame réel, l'incendie de 1887 qui a non seulement détruit le bâtiment mais occasionné de nombreuses victimes.
En premier lieu, "Carmen" de Bizet d'après le roman de Prosper Mérimée, "Les Contes d'Hoffmann" de Jacques Offenbach d'après un livret de Jules Barbier, "Manon" de Jules Massenet d'après le roman de l'Abbé Prévost et "Lakmé" de Léo Delibes d'après une nouvelle de Pierre Loti.
Une salle est consacrée à l'incendie et à la reconstruction du bâtiment sous la direction de Louis Bernier qui a conçu les éléments décoratifs célébrant la musique française dont le magnifique plafond du foyer.
Ensuite, après une reconstruction qui a duré onze années, l'Opéra Comique ouvre ses portes et enchaîne à nouveau les succès avec "Le rêve" d'Alfred Bruneau et Emile Zola, "Pélléas et Mélisande" de Claude Debussy sur un livret de Maurice Maeterlinck, "Louise" de Gustave Charpentier d'après le livret du poète Saint-Pol-Roux.
Ces partitions, qui ont pour caractéristiques communes la figure de l'héroîne féminine et la thématique de la passion amoureuse, de l'amour tragique ou impossible, participent du renouveau du genre lyrique qui, d'une part, s'oriente vers le drame notamment sous l'influence de la littérature romantique, fantastique, symboliste et naturaliste que pratiquent les auteurs des livrets.
D'autre part, au tournant du 20ème siècle, la nouvelle génération de compositeurs, modifie la vocation de l'Opéra Comique, traditionnellement dédié aux oeuvres chantés comportant des dialogues, en imposant une nouvelle forme, celle d'un opéra essentiellement chanté.
Scandée par des extraits d'enregistrements musicaux, de films inspirés des opéras et de captations vidéos contemporaines, l'exposition ravira bien évidemment les amateurs de chant lyrique et séduira sans doute les néophytes par son approche pluridisciplinaire, didactique et narrative. |