Il aura donc fallu attendre six années (entrecoupées par un EP : Tous les jours, et nombre de disques avortés) pour que Stéphane Milochevitch donne une suite à The Flying Pyramid, premier album d’Americana brut sorti chez Arbouse Recordings.
Le musicien Français agence sa musique comme il sait le faire lorsqu’il touche aux arts plastiques (dessins, conceptions de pochettes, T-shirt, affiches…), exactement à l’image de l’artwork de ce disque, par petites touches, multiples mais cohérentes, diverses et variées. Au départ, une idée directrice, une trame, puis lentement se construit un agrégat musical ou pictural. En résulte avec cet album une musique luxuriante aux mille petits détails, qui ont tous leur importance, une musique intelligente, plurielle et surprenante. Ici, on peut oublier et faire valser les étiquettes ce qui est, et vous l’avouerez, quand même bien plus drôle que de rester gentiment dans le rang. L’Americana et la pop viennent se frotter aux rythmes de l’afrobeat et aux mélodies de la soul, le rock danse avec les sonorités des caraïbes et les gammes blues.
Disque de haute voltige, Stéphane Milochevitch, entouré par Raphaël Seguinier à la batterie, par Olivier Marguerit à la basse et aux claviers, par Emma Brougton et Maud Nadal (au chant) et aidé à la production par Yann Arnaud (Sebastien Schuller, Air) et Frederic LO (Daniel Darc, Alex Beaupain) joue à l’architecte et manipule sa musique comme un jeu de Lego où chaque brique s’empile l’une au-dessus des autres. On aurait vite le tournis si Thousand n’était capable par une certaine science de l’écriture de garder nos sens en éveil. Là où d’autres aurait pu surcharger jusqu’à plus soif le français garde le cap avec vaillance. Il faut écouter des titres comme "The Flying Pyramid", "To Dance In A Circle Of Fire", "The Wave", l’incroyable "Song Of Abdication". Cette collision, sorte de big bang sans le chaos, entre Bill Callahan, les Supremes, Paul Simon, Eels et Fela Kuti… casse-gueule sur le papier se révèle incroyable de justesse, d’ingéniosité et de générosité. Générosité et créativité, les deux mots définitivement au centre de ce disque solaire et non scolaire.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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