Ne tombons pas dans le piège, ne nous accaparons pas les discours Charlie, les journalistes ne sont jamais aussi talentueux que quand ils parlent d’eux-mêmes et sont au cœur de leur propre scoop. A croire que seuls les meurtres rendent le respect que l’amertume a érodé.

Nous, c’est Charlie qui nous intéresse, la douce et romantique interprète qui donne une note sexy aux pulls jacquard. Charlie dans Les fleurs sauvages. Trouvée par Mauss (c’est elle la fille du titre "Je recherche") et épaulée par Emmanuel Da Silva pour faire un rêve de sa musique. Cet album est son second, comme une jeune pousse qui promet de devenir un grand arbre aux feuilles de cristal.

L’ambiance est fragile, cristallisée entre deux mondes, juste avant que la crème ne devienne chantilly, juste avant qu’il ne rougisse, juste avant de prononcer ces mots fatidiques, cet instant suspendu où tout est encore possible, impalpable et précieux. C’est Charlie, la nôtre. Une tendre princesse à la voix fragile et posée, aux rêves brumeux, à la diction aérienne et au phrasé cassé.

Le style serait de la pop-chantilly, du folk amoureux, raffiné et sensible, de la chanson française pour des moments parfaits et des rencontres inestimables. Le tout à base de pianos et de cordes. Bio. Sans fioriture. Garanti sans OGM, ni monoxyde de fialurétinol. Bien sûr que ça existe de fialurétinol, connaissiez-vous l’existence du bisphénol il y a 2 ans ? Non ? Et l’huile de palme ? Le fialurétinol, c’est pour dans 2 ans, quand le bisphénol ne fera plus peur.

Revenons à nos Fleurs sauvages. Charlie avait rêvé un album intime, un "disque d’alcôve", un truc qu’on se passe en douce pour que le temps s’arrête, pour faire pousser les envies d’ailleurs et les rêves d’interdits, faits de fuite et de chevauchées, d’immobilité sous la pluie et de vents dans les cheveux. Nature, tendre et un brin sauvage, Charlie semble avoir puisé l’inspiration dans les origines du temps et des âges : ailleurs, loin des tracas et des soucis, loin de toute frivolité ou de la course au profit. Ressourçant.

Les rythmes enveloppés et la voix de Charlie enveloppante sont propices à la méditation et à la contemplation. Les cordes pincées qui résonnent dans l’atmosphère figée, hypnotisant, à la manière des ondulations que ferait un rêv jeté dans un lac.

"J’aimerai partir en voyage, sauter dans l’eau du lac, tourner la page, redessiner ma cage" ("Les fleurs sauvages")