Spectacle conçu par Stéphane Olry, Corine Miret et Jean-Christophe Marti, et interprété par Élise Chauvin, Frédéric Baron, Jean-Christophe Marti, Corine Miret et Stéphane Olry.
Sans doute voir plusieurs des opus de la Compagnie La Revue Eclair s'avère-il nécessaire pour le spectateur le plus curieux - et tenace - en matière de "nouvelles écritures et dramaturgies", de celles soutenues par le réseau institutionnel tel le centre national des écritures du spectacle de La Chartreuse, pour appréhender sa démarche qui échappe tant à l'étiquetage qu'à la compréhension intuitive.
Ainsi, si en 2010, "Un voyage d'hiver" n'avait pas vraiment convaincu et, en 2011, "Les arpenteurs" avait laissé perplexe, en 2015, "Tu n'oublieras Henriette" lève toute ambiguïté : ses spectacles sont au théâtre ce que l'art conceptuel est à l'art, et donc peu importe le contenu, la qualité du texte et le caractère dramatique de l'opus qui sont primés par l'idée, voire le sens implicite, qui le soustend.
En l'espèce, l'idée est celle d'une "fantasmagorie librement inspirée par la vie de Giacomo Casanova et par la vie tout court" avec une mise en résonance, dans l'esprit d'un compositeur, entre sa rencontre fortuite et sans suite avec une jeune femme dans un café et une des aventures galantes du célèbre Casanova, prénommée Henriette.
Sur scène, à l'exception de Frédéric Baron, cantonné à une silhouette masquée de lecteur, point de comédien. Mais une jeune chanteuse lyrique au beau timbre de soprano colorature, Elise Chauvin, et les trois maîtres d'oeuvre qui se proclament "joueurs de métier".
Dans une posture de dandy décadent, Stéphane Olry, se prend pour Casanova et vient, pour l'épilogue, se présenter - il est "l'auteur" - et éclairer la lanterne des spectateurs égarés par sa ténue partition, et la danseuse Corine Miret figure le personnage-titre par des mouvements de poupée mécanique qui s'avèrent être de brefs solos de danse baroque.
Dans le "rôle" principal, Jean-Christophe Marti, musicien-compositeur qui joue du piano debout, un piano "nonpareil", "fruit d’une recherche artisanale intensive", pour "créer de nouveaux rapports physiques entre l’instrumentiste et l’instrument, un rapport musical entre deux corps". Sa particularité, être doté, fort curieusement pour un musicien, d'une voix monocorde dépourvue tant d'intonation que d'inflexion et d'une scansion apathique.
Ces derniers indiquent clairement leur intention d'ordre purement autocentrée - à savoir "trouver les endroits où nos désirs, nos pratiques, peuvent exister ensemble, se rencontrer dans l’instant et l’espace de la représentation" - et donc que peu importe l'éventuelle compréhension par le spectateur, "libre de prendre sans comprendre".
Donc pour public averti. |