En ce printemps 2015, Paris propose un beau panorama muséal consacré à la peinture baroque avec la rétrospective consacrée au maître du baroque espagnol "Velasquez" au Grand Palais, "Les Bas-fonds du Baroque" au Petit Palais et "De Giotto au Caravage" au Musée Jacquemart-André.

Sous-titrée "Les passions de Roberto Longhi", cette dernière rend hommage à l'éminent historien d'art, universitaire, critique et collectionneur Roberto Longhi, spécialiste de Caravage et auteur notamment, d'un catalogue raisonné de l'oeuvre de Piero della Francesca et d'une une étude approfondie sur Masolino et Masaccio.

Roberto Longhi a révolutionné la critique d'art en matière d'art italien en mettant en perspective les différents centres artistiques de l'Italie alors inféodés à la suprématie toscane tant en ce qui concerne la peinture de la Renaissance que celle du Trecento.

Afin de retracer son apport, les commissaires Mina Gregori, historienne de l'art spécialiste du Caravage et présidente de la Fondation Roberto Longhi pour l'Étude de l'Histoire de l’Art de Florence, Maria Cristina Bandera, directrice scientifique de la fondation précitée et Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du Musée Jacquemart-André, ont réuni une belle sélection d'oeuvres de peintres désormais considérés comme les grands noms de la peinture italienne du 14ème au 17ème siècle.

De Giotto à Caravage, un voyage immobile dans trois siècles d'art majeur

L'exposition scénographiée avec une élégance classique par Hubert Le Gall, habitué du lieu, ne se développe pas selon un parcours chronologique mais stylistique et quasiment géographique ce qui permet une déambulation libre d'autant que chaque salle est pourvue d'un cartels de contextualisation.

Ainsi commence-t-elle à Rome au 16ème siècle avec Caravage et trois oeuvres magnifiques ("Garçon mordu par un lézard", "Le Couronnement d'épines" et "Amour endormi").

Plusieurs salles sont consacrés aux caravagesques contemporains tels Battistello ("Mise au tombeau") , Bartolomeo Manfredi ('Le Couronnement d'épines"), Morrazone ("Le Couronnement d'épines") et Orazio Borgianni qui déclinent la thématique des stations du Christ,

son ’influence qui s'étendra jusqu'à Palerme et notamment à Naples auprès d'artistes étrangers tel l'espagnol Jusepe Ribera, représenté en l'occurrence par ses portraits de saints et le hollandais Matthias Stomer ('"Guérison de Tobit" et "Annonce de la naissance de Samson").

ainsi qu'à sa postérité avec Battista del Moro ("Judith avec la tête d'Holopherne"), Mattia Pretti ("Concert avec trois figures" et "Suzanne et les vieillards), Giovanni Lanfranco ("David avec la tête de Goliath")

Le voyage se poursuit en remontant le temps avec une section dévolue aux primitids italiens.

Cap sur l'Italie du Nord à la rencontre de Giotto, de la première Renaissance avec Masolino et Masaccio et enfin à Ferrare avec Piero della Francesca ("Saint Jérôme avec un dévot") et Cosmè Tura ("La Vierge à l'Enfant entre saint Jérôme et une sainte martyre").

A noter que chaque oeuvre est accompagnée d'un commentaire qui permet une viste éclairée et enrichissante.