Double-plateau chanson à la Scène du Canal Jemmapes. C'est Lilimarche en ouverture, elle aux claviers accompagnée de Matthias à la batterie et guitare électrique.
Ses chansons pop légères parviennent à trouver un bel équilibre entre paroles et musiques. On pense à la Françoise Hardy des swinging sixties, peut-être déjà en raison de son physique, mais aussi des ambiances douces teintées de nostalgie. Il est forcément question d'amours un peu tristes dans ces chansons au charme surrané malgré des arrangements en phase avec les années 2010.
"François" donne l'impression de nager dans un film de Truffaut où Jean-Pierre Léaud fumerait à la fenêtre d'une chambre sous les combles. Quant à "L'amour d'été", le rythme du spoken words semble inspiré par "L'amour à la hâte" de Jad Wio, mais interprété par France Gall. Mariage étrange.
Bientôt en résidence au Canal, Lilimarche devrait prochainement être accompagnée d'un musicien supplémentaire. Cette prestation pleine de charme donne réellement envie d'aller écouter Lilimarche sur disque.
C'est ensuite K! qui prend la scène, sans forcément beaucoup de ménagement, à la hussarde. Claviers, tablette et ordinateur, au centre du plateau, son projet a plusieurs fois évolué depuis un an. Accompagnée d'un guitariste, puis d'une contrebassiste, elle est aujourd'hui seule au milieu de ses machines. Au cœur d'une chanson française qui peine à se renouveler, K! apporte un son et un univers vraiment nouveau, entre "conte pour enfants punks", réalisme allemand gothique et pop synthétique bruitiste baignant dans l'humour noir.
Après "L'herbe tendre" de Michel Simon a cappella, elle enchaîne avec "Almería". Le son est bien rond, à base de samples de percus du sud. On sent tout de suite qu'une attention particulière est portée au confort d'écoute des spectateurs. K!, très à l'aise dans son rapport au public, improvise ses interventions, souvent drôles, un peu piquantes et toujours au point nommé.
En fin de spectacle, après une toute nouvelle chanson intitulée "Chemin", elle invite Lilimarche et Matthias à la rejoindre pour une reprise de "Oh! Gaby" de feu Bashung, sous le haut patronage de feu Jacno. Réussi en diable.
Cette prestation devrait être une des dernières sous cette forme avant qu'elle ne présente son "FantastiK Show", dans des décors du photographe Le Turk, où la magie devrait côtoyer des instruments-fleurs. On a hâte de voir et d'entendre ça.
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