Réalisé par Francisco Avizanda. Espagne. Drame. 1h35 (Sortie le 13 mai 2015). Avec Ariadna Cabrol, Alfonso Torregrosa, Mikel Losada, Jon Ariño, Julio Velez, Mikel Martín et Marta Juániz.
Sans chercher plus loin que son sujet, "Sapos et Culebras" ("D'amour et de dettes") de Francisco Avizanda se regarde comme un bon "thriller" à l'intrigue un peu chantourné.
Rebeca, jeune femme sexy et angoissée, est à la recherche du "magot" de son père, homme d'affaires douteux pris entre le marteau (le promoteur) et l'enclume (l'élu local) dans une histoire de vente d'un terrain public qui doit permettre la construction d'un casino.
Seule, cernée par les huissiers et les créanciers, espionnée par une mystérieuse organisation, elle poursuit son enquête sans prendre forcément toutes les précautions d'usage, et notamment se méfier des beaux ténébreux barbus...
Mais l'intérêt d'"Amour et de dettes" tient surtout dans la description sans concession de l'Espagne moderne, rongée par les affairistes, où chacun combat tout le monde, et de manière impitoyable, pour obtenir son dû.
Dans cette société violemment concurrentielle, et du reste toujours un peu macho, il ne fait pas bon être une femme, d'autant plus quand on est accablé par les dettes paternelles. En un instant, celle qui appartenait au sérail dégringole dans un monde où plus rien ne lui est épargné.
Virée de l'école de commerce huppée qui devait, grâce "à l'association des anciens élèves" lui permettre de trouver sa place dans l'élite, elle subit les avances d'un ancien "camarade", est traitée sans ménagements par tous ceux qui lui faisaient jadis des courbettes. Personne n'aura de compassion pour sa "chute".
Avec la trame d'un thriller somme toute banal, "D'amour et de dettes" de Francisco Avizeda donne une coupe réglée de l'Espagne de Mariano Rajoy. Même si cela pourra paraître à certains évident et sans originalité, on aurait bien du mal à trouver un équivalent français décrivant les turpitudes et les dérives affairistes de la France sarkozo-hollandaise.
Le "Rien ne va plus" répétitif qui conclut symboliquement le film a quelque chose de prémonitoire. Décrivant parfaitement un climat délétère, dans lequel tout se met en place pour que les contradictions pointées du doigt aboutissent à un séisme politique,"D'amour et de dettes" de Francisco Azevanda, cache son ambition prophétique derrière son récit linéaire.
Datant déjà de 2012, il n'a pas été démenti par les faits : cette Espagne sans âme vouée au culte de l'euro roi va bientôt tomber de haut. Oui,"rien ne va plus".
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