Création collective du TAF Théâtre d’après une oeuvre de Pedro Calderón de la Barca, mise en scène de Alexandre Zloto, avec Ariane Bégoin, Franck Chevallay, Boutros El Amari, Charles Gonon, Dan Kostenbaum, Caroline Piette et Yann Policar.
La dernière création en date du TAF Théâtre, que sa vocation dédiée inscrit dans l'esprit et la perpétuation du théâtre de troupe, propose une immersion dans le théâtre du siècle d'or espagnol.
AInsi "Impressions d'un songe" constitue une "revisitation" collective du monument dramaturgique qu'est "La vie est un songe" de Pedro Calderón de la Barca.
En effet, cet opusmêle, sur fond de tragédie antique déclinée selon l'esthétique baroque plusieurs intrigues alambiquées placées sous le signe de la vengeance et des luttes de pouvoir dont les protagonistes, de surcroît, en proie à un douloureux combat intérieur, s'épuisent dans une irrésolution ambivalente.
De plus, il procède à un croisement de thématiques hétérogènes que sont l'exaltation des grandes valeurs chevaleresques et l'approche existentielle de la vie qui, dans le sillon de l'allégorie de la caverne , ne serait qu'un songe, avec une réflexion sur les frontières entre la réalité et le rêve qui renvoie vers l'illusion théâtrale.
En l'espèce, un roi vieillissant (Boutros El Amari) résolu à organiser sa succession qui devrait revenir à aux descendants d'une branche collatérale, tous deux fort ambitieux et épris du pouvoir (Charles Gonon et Caroline Piette), envisage de "ressuciter" son fils unique (Dan Kostenbaum) qu'il a maintenu reclus et enchaîné par crainte d'une prophétie annonçant, à sa naissance, qu'il était un monstre qui, outre avoir causé la mort de sa mère, deviendrait un tyran et dont seul son fidèle courtisan (Yann Policar) connait l'existence.
Par ailleurs, une jeune femme (Ariane Bégoin) qui n'est autre que la fille naturelle de ce dernier vient au palais accompagnée de son valet (Franck Chevallay), à la fois candide et bouffon, pour se venger de son séducteur qui est le neveu du roi.
La troupe livre une version épurée et lisible pour le grand public de cette partition foisonnante dans laquelle il est beaucoup question d'honneur, de vertu, de trahison, d'outrage, de vanité, du dépassement de soi, du renoncement à la vanité des choses terrestres et de métaphysique générant des problématiques qui n'entrent pas vraiment en résonance avec les préoccupations matérialistes des sociétés post-modernes.
Conformément à son axe de travail qui consistait à dégager les impressions que suscitaient la pièce, le spectacle, mis en scène par Alexandre Zloto, se présente sous forme de tableaux - dispensés en costumes mais sans décor avec uniquement une belle mise en lumière caravagesque de Paul Alphonse - qui sont relativement statiques et déclamatoires mais siéent à la prose calderonienne. |