Atelier d'interprétation dirigé par Patrick Pineau avec Harrison Arevalo, Justine Bachelet, Laure Berend-Sagols, Camille Bernon, Lucie Boujenah, Sanda Codreanu, Maxime Coggio, Zoé Fauconnet, Morgane Fourcault, Aurélien Gabrielli, Elsa Guedj, Félix Kysyl, Grégoire Lagrange, Hannah Levin, Makita Samba, Antoine Sarrazin, Marie Sergeant, Arthur Verret et Michaël Charny.
Pour diriger l'atelier d'interprétation des élèves de 3èmes année, le comédien Patrice Pineau, metteur en scène-invité du CNSAD, a souhaité disposé d'une partition originale sur un thème imposé - comment réunir 19 personnes d’une même génération dans un lieu unique - pour laquelle il a sollicité le comédien-metteur en scène et auteur David Lescot.
Parmi les multiples options potentielles, celui-ci a choisi de ne pas sortir du petit monde du théâtre en retenant le groupe qu'est le collectif d'acteurs que formeraient les élèves de la promotion sortante du CNSAD décidés à prolonger l'ambiance tant adulescente que fraternelle qui a présidé à leurs trois années de scolarité où "tout le monde il est beau tout le monde il est gentil" à défaut d'enjeu immédiat et poursuivre l'aventure ensemble
Et avec "Kollektiv'", titre en clin d'oeil à l'utopie collectiviste de l'avant-garde d'outre-Oural, il livre simultanément une satire jubilatoire du collectif, cette déclinaison déstructurée de la troupe et dont le fonctionnement reposerait sur l'autogestion démocratique, qui n'est pas une novation mais une résurgence des seventies inspirée de la communauté hippie, et un réjouissant voyage en nombrilie.
Avec des dialogues vifs qui sont d'autant plus pertinents et piquants qu'ils sont dispensés par de jeunes comédiens à laquelle s'applique la célèbre formule de Rabais, "Si on lui tordoit le nez, il en sortirait du lait", qui, dépourvus de toute expérience, embrassent le discours de certains de leurs aînés, il dresse un état des lieux circonstancié de la question du collectif qui fait débat au sein même des professionnels.
Les fondamentaux du collectif, dont notamment le rejet de l'acteur-interprète au profit de l'acteur-créateur qui est son propre auteur et metteur en scène qui engendre la fameuse écriture de plateau souvent indigente et la mise en scène collective généralement incohérente ou réduite au collage, sont abordés au fil de scènes succulentes, telle celle du projet de jouer "Bérénice" de Racine perché sur un gyropode et avec la voix d'un vocoder, dans lesquelles il est beaucoup question d'approche libertaire du théâtre, de l'anarchie créatrice, du fascisme du metteur en scène et même de combat social, mais jamais du spectateur.
La réunion des élèves en résidence commune dans un local de province sans projet fédérateur prédéterminé et confrontés aux sujétions logistiques dont personne ne veut se charger qui épingle la mentalité des jeunes fainéants dont le seul souci est de se défausser et de trouver un pigeon, se décline en cacophonies, discussions stériles, immobilisme et conflits ouverts entre égotismes qui ne peuvent que conduire à des scissions et à la rupture que David Lescot, pour ne pas céder au négativisme, évite par une pirouette en introduisant un événement extérieur qui cause la dispersion prématurée.
Dans une mise en scène alerte, Patrice Pineau dirige efficacement les élèves qui s'avèrent tous très à l'aise dans ce registre et convaincants dans le rôle de leur double fictionnel.
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