D’abord une jeune femme, brune peut-être, aux cheveux longs. Elle est allongée sur le lit, le sexe glabre, tout juste vêtue d’un porte-jarretelles et de bas nylons, d’un peu d’essence de Guerlain aussi. Une chambre d’hôtel où les dorures se mélangent aux tentures roses, rouges. La belle est endormie, sa poitrine bouge au rythme de sa respiration, elle-même calquée sur une musique symphonique. Dans cette atmosphère planent les notes, les mots de Nicolas Comment.
Après le très mitigé Retrouvailles, qui proposait avec l’aide du musicien Xavier Waechter une adaptation musicale de la prose du poète Bernard Lamarche-Vadel, Nicolas Comment présente son troisième album Rose Planète, bande son d’une histoire d’amour largement teintée d’érotisme et de poésie (il faut ajouter à celle de Comment les plumes subtiles de Marie-Laure Dagoit, de Fabrice Delmeire et Chloé Delaume) et portée par une envoûtante musique symphonique écrite conjointement avec le pianiste et compositeur Maxence Cyrin.
Rose Planète est un hymne à la femme, à sa beauté, à sa sensualité et à ses aspects dramatiques, à la vénéneuse passion qu’elles peuvent créer et s’incarne via la superbe Milo McMullen (actrice et bassiste d’Arnaud Fleurent-Didier), muse du chanteur, diverses références (Brigitte Bardot dans "Camille", Dita Von Teese dans "Dites à Dita" ou encore Greta Garbo dans "Remora") et le personnage de femme fatale, de femme fantasme, femme libre, appelé "Sexie" qui traverse le disque ("Tu t’appelles Sexie", "La Chambre de Sexie") imaginé par Marie-Laure Dagoit (écrivain et directrice des étonnantes et subversives éditions Derrière la Salle de Bain).
Romantisme noir caché "sous la soie et la dentelle", l’amour comme idéologie, dernière illusion et espace de liberté, érotisme parfois impudique qui se cache derrière la raison. Le parlando andante de Nicolas Comment, poétique et littéraire, fait de versification, de césures, rimes…, se mêle à des chœurs féminins aériens, à de superbes mélodies et aux notes capiteuses d’un orchestre lyrique post-romantique entre tempête et passion. Un univers musical, plutôt réussi et très éloigné du rock presque new wave des premiers albums du chanteur / photographe.
Rose Planète s’est construit chez Rodolphe Burger dans les Vosges puis à Tanger, fait de multiples rencontres (Christophe, Gérard Manset, Mïrka Lugosi et le photographe fétichiste Gilles Berquet), où l’on compte de nombreuses références (Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl, Paul Bowles, Yves Simon, William S. Burroughs, Baudelaire, Pierre Louÿs…). Enivrant, exalté, charnel, ce disque évite les clichés et les écueils dans lequel il aurait pu facilement tomber et se révèle grâce à un véritable art littéraire et de grandes mélodies être totalement magnétique.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.