Monologue dramatique écrit et interprété par Isabelle Fruchart dans une mise en scène de Zabou Breitman.
Avec "Journal de ma nouvelle oreille", Isabelle Fruchart fait son coming-out en révélant qu'elle fut, pendant plusieurs décennies, une femme quasiment sourde et que, récemment appareillée de prothèses numériques, elle adore être pénétrée par les oreilles.
Comédienne, musicienne et chanteuse, elle a su "donner le change" également dans sa vie professionnelle au prix d'une lutte de chaque instant pour compenser ce handicap invisible et a relaté sa "renaissance" au monde du son et des bruits dans un journal qui ressort à la recension personnelle, à l'introspection sensible et au témoignage intime à portée universelle.
Celui-ci a suscité un seul en scène autobiographique judicieusement mis en scène par Zabou Breitman pour l'adapter en partition dramatique, alternant lecture ponctuelle, récit et scène dialoguée, la forme originelle du journal intime sans verser dans dans le protocole compassionnel.
Ainsi, dans un décor bucolique conçu par Simon Stehlé dont la primeur symbolique doit être laissée au spectateur, Isabelle Fruchart retrace, avec autant d'humour que de sobriété son odyssée auditive.
Ses tribulations tragi-comiques dans le monde d'avant, depuis le diagnostic incertain quant aux causes d'une perte d'audition subite intervenue à l'adolescence aux tentatives curatives aussi rocambolesques que charlatanesques, des méthodes "de bonne femme" aux thérapies psycho-corporelles, tels le "reborn" et la fasciathérapie, sont présentées de manière divertissante même si elles n'en éludent pas le caractère douloureux.
Et puis, le merveilleux ré-apprentissage en forme d'odyssée auditive, du quasi-silence abyssal à l'agression sonore, pour retrouver le chemin du son de l'oreille au cerveau et reconquérir le sens perdu, introduit une véritable proposition réflexive sur la normalité et la communication sensorielle. |