A bien des égards, Leftfield peut se positionner en ligne directe d'avec la deep house et en réclamer la paternité. Pourtant, bien loin de vouloir camper le rôle du grand-père ronchon lors des réunions de famille, Leftfield se pavane comme un coq dans la basse cour. Le retour du roi se fait à l'occasion d'un nouvel opus après 15 années de silence, période durant laquelle la scène qu'ils avaient aidée à créer a profondément muté. Et si Neil Barnes est maintenant seul à la barre, son retour en activité depuis 2010 lui a permis d'élaborer le cadre dans lequel évolue ce nouvel opus.
Toute proportion biblique gardée, Alternative Light Source affirme que lumière et sons procèdent des ténèbres. Un constat évident, quand cet album révèle une richesse confinant à l'indécence. Si aucune basse ne semble vouloir quitter les ombres confortables depuis lesquelles elles soutiennent chaque production, les sons électroniques voyagent et se multiplient à la vitesse de la lumière.
Clairement contemporain, Alternative Light Source exploite tout un panel électronique qui n'a rien à envier à la jeunesse qui fait les dancefloors londoniens. Niveau tradition, on retrouve avec plaisir ce même intérêt pour les vocalises de guest, que Leftfield partage avec tous les duos d'artistes producteurs issus des années 90's si typiques à la Grande Bretagne. Après tout, c'est bien à Leftfield que l'on doit la première collaboration de ce genre et c'est donc sans surprise que cet exercice occupe une place de choix dans l'album. Du coup, en invitant des guests sur des titres comme "Head and Shoulders" ou "Levitate for You", l'album s’achemine nonchalamment vers des rythmes noctambules, avant de s'ouvrir en une corolle aux sons ultra dynamiques et hyper sensuels.
Sans surprise, Alternative Light Source se positionne quelque part entre l'élan de la jeunesse et l'expertise d’un vieux loup de mer. Sous ses coutures sombres, l'opus dissimule avec peine l'attitude glorieuse, voire épique (le mystique "Storms End" et l’éponyme "Alternative Light Source") de ses titres. Un retour en fanfare donc.
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