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puce Le jeu de l'amour et du hasard
La Pépinière Théâtre  (Paris)  mai 2015

Comédie de Marivaux, mise en scène de Philippe Calvario, avec Marie-Pierre Nouveau, Philippe Calvario, Eric Guého, Anne Bouvier, Nicolas Chupin et Jérémie Bédrune.

Dans un grenier embrumé et poussiéreux où sont remisés vieux meubles et jouets abandonnés, judicieusement élaboré par Muriel Valat, lieu privilégié des jeux d'enfants qui se déguisent, une silhouette se pavane en voile de mariée au son de la sulfureuse et emblématique musique de "Je t'aime, moi non plus" de Serge Gainsbourg.

Ainsi commence "Le jeu de l'amour et du hasard" de Marivaux dans une mise en scène qui peut déconcerter le puriste marivaldien qui, en tout état de cause sera "titillé" à plusieurs reprises par les parti-pris de Philippe Calvario qui tiennent, en premier lieu, à l'âge des comédiens qui, ayant dépassé la trentaine, n'ont plus l'âge des principaux protagonistes qui sont des jouvenceaux.

Et pourtant cela fonctionne dès lors qu'est modifié cette convention initiale en admettant qu'ils sont un peu avancés en âge au regard des us matrimoniaux de l'époque et peut-être rétifs au mariage ou trop exigeants, ainsi qu'il ressort de certaines répliques, ce qui explique le mariage de raison envisagé par les pères, en apporte un nouveau et bienvenu éclairage.

Ensuite, le choc résultant du choix des costumes, confectionnés par Aurore Popineau, noirs d'une sobriété tout aussi austère qu'élégante pour les maîtres devenus domestiques, face à ceux des valets déguisés, comme pour un carnaval, en précieux ridicules caricaturaux que Anne Bouvier et Nicolas Chupin, tous deux formés au CNSAD originellement destiné à l'enseignement de l'art dramatique en vue de l'interprétation des textes du répertoire, s'amusent comme des petits fous à camper sans craindre de verser dans l'"hénaurme".

Là encore, cette option s'intègre dans la tradition du travestissement qui préside à la tradition du carnaval.

Enfin, l'habillage musical par les parties instrumentales des tubes gainsbouriens. Toutefois, tous ces singularités ne conduisent ni à une re-contextualisation fantaisiste à l'époque de l'année érotique ni à une dénaturation de la partition originale qui repose sur un argument ressortant à la farce et dont Philippe Calvario respecte tant l'esprit que la lettre.

Celle qui est initiée par Silvia et Dorante qui, confrontés à un mariage projeté par leurs pères respectifs, veulent prendre la mesure de leur conjoint potentiel en imaginant le même stratagème d'inversion des rôles, prenant l'identité de leur domestique, travestissements connus du seul père de Silvia, factotum de l'auteur facétieux et cruel incarné avec justesse par Eric Guéhno, et de son fils (Jérémie Bédrune) qui font office de public goguenard que la situation divertit grandement.

Si l'habit ne fait pas le moine, les manières, l'éducation et le maintien propres au gens de condition au sens du 18ème siècle et inimitables se dissimulent difficilement et cependant ni Silvia, ni Dorante, éberlués par le coup de foudre envoyé par un Cupidon qui se prend pour Jupiter, ne devine la supercherie.

De même que leurs doublures, moins aveuglés par l'amour que par l'ascenseur social que peut constituer un mariage aussi inespéré qu'avantageux, ne se rendent compte de leur vulgarité réciproque.

En leur fort intérieur, si Dorante (Philippe Calvario très juste dans le désir exacerbé) paraît disposé à épouser une roturière, Silvia (Marie-Pierre Nouveau parfaite en désarçonnée à la sensualité fébrile), qui ne peut envisager une mésalliance, est prête à sacrifier cet amour contre-nature au regard des conventions sociales et tous deux campent sur la position romantique du coeur contrarié qui annoncent les personnages mussetiens.

En revanche, les domestiques, qui croient en la réalité de l'illusion, se laissent aller à consommer utile et acceptent immédiatement le mariage. Dès lors, pour ces couples en miroir, le retour à la réalité n'est pas du même acabit car chez Marivaux, même s'il écrit que "le mérite vaut bien la naissance", les princes n'épousent pas les bergères car le déterminisme de classe s'applique également au sentiment amoureux.

Ainsi s'il est est une bénédiction au dénouement heureux pour les maîtres qui peuvent convoler en justes noces, pour les domestiques, tel est pris qui croyait prendre, et la comédie s'avère sévère comme pour leurs homologues dans "Les fausses confidences".

Et si le valet se résigne sans arrière pensée séduit par les appâts que la suivante, corset dégrafé et jupe ouverte jusqu'à la taille, n'a pas hésité à lui révéler, celle-ci, dupée et dépitée, est la dindonne de la farce qui doit s'accommoder d'un valet trivial et grossier alors même qu'elle est dotée d'un peu d'esprit qui lui permettait d'espérer un meilleur parti.

Créée en 2010, la pièce, longtemps jouée en tournée et reprise avec la même distribution, est bien rodée et les comédiens, qui ont le texte bien en bouche, dispense une prestation enthousiasmante.

 

 

MM         
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Du côté de la musique:

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"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz

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"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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