Parad, c’est une plongée circassienne avec Laurent Paradot aux manettes. Il fut punk, il est pop blop, de la pop avec de la brume, mystérieux et sauvage. Le bonheur inquiet. Welcome.
Un visuel désuet des cirques d’avant, avant les tigres en tutu et les filets de sécurité. Un truc qui sent le papier jauni et l’autrefois. A l’image de la musique, ça sent la nostalgie. La poussière en moins. Des rythmes joués à la guitare, les chœurs féminins et discrets, quelques touches de piano et de l’électro pour enrober tout ça.
"Spoken word expressioniste". C’est cette manière bien particulière de chanter que Fauve a rendu populaire. Entre angoisse et urgence, le chanteur s’adresse directement à nos oreilles inquiètes. Il susurre, il murmure, il parle, il crie et vocifère. Laurent Paradot est de toutes les aventures. Le bonheur inquiet semble écrit avec son âme. Son côté obscur.
Dans ses textes, il s’interroge sur ses actes. Qui ressemblent terriblement aux nôtres. La vie, l’amour, la mort. Il remonte ses choix pour les additionner au regard de ce qu’il veut faire de sa vie. Il faut un sacré recul pour y parvenir.
Est-ce que la fin justifie ses moyens ? "J’avais des rêves de grandeur, de haies d’honneur, de mains mises sur le cœur, je me suis fourvoyé, à vouloir tutoyer le céleste, c’est mes fesses que j’ai fini par vouvoyer" ("Une cure de sommeil").
Faut-il cesser de vouloir pour être en paix ? "J’ai arrêté d’y croire, la chute est trop brusque entre deux rêves. Une vie d’ascète sans un faux pas" ("Encéphalogramme plat").
Chanter pour le plaisir ou pour la gloire ? "D’où me vient ce goût immodéré pour les femmes dénudées à mon chevet ? D’où me vient ce goût amer pour les refrains populaires ?" ("Ce goût immodéré").
Les phrases toutes faites sont-elles là pour aider à cacher ses véritables pensées ou à nous agacer au plus haut point ? "Enfin j’dis ça, moi j’dis rien, de ce que j’en pense quelle importance. Enfin j’dis ça, mois j’dis rien, d’ailleurs cette phrase me lève le cœur" ("J’dis ça").
Le doute, les regrets, l’absence, la solitude, Parad brasse la mélancolie de l’humanité dans une douce complainte singulière et attentionnée. Beaucoup de douceur et de tristesse se dégagent de cet album, comme une épaule sur laquelle s’épancher. Un mélodiste bienveillant, descriptif de l’inéluctable mélodrame de nos petites vies, banalement merdiques. Ça ne remonte pas particulièrement le moral, mais qu’il est doux de se laisser porter par ses sombres pensées, de se laisser bercer par le romantisme de la mélancolie, c’est propice au rêve et fait pousser les envies d’ailleurs.
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