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Théâtre des Bouffes du Nord  (Paris)  juin 2015

Spectacle chorégraphique conçu par Pascal Rambert et interprété par Nina Santes et Kévin Jean.

"Libido Sciendi" s'ouvre sur un plateau vide et une lumière crue. Les deux danseurs, Nina Santes et Kévin Jean, quittent les rangs des spectateurs pour s'installer face à face. Ils se mettent entièrement nus avant de chorégraphiquement s'accoupler, toutes les parties de leurs corps entrant en contact entre elles.

Il n'y aura pas de musique, seul le son des respirations, les claquements des corps sur le sol et du frottement des peaux se feront entendre.

Pascal Rambert n'a pas nommé sa chorégraphie "Libido Sentiendi", la satisfaction des désirs suscités par le corps, selon l'un des trois types de concupiscence décrits par Saint-Augustin, mais "Libido Sciendi", le désir de savoir. Déjà le fait que les danseurs se lèvent au milieu du public montre une volonté d'universalité. Le désir de savoir est celui de l'observation du désir de tout à chacun.

Les danseurs se rapprochent l'un de l'autre, puis se livrent à des attouchements manuels, peut-être buccaux et s'allongent l'un sur l'autre ou s'entremêlent dans des postures évoquant le coït. Ils occupent l'espace du plateau souvent dans des mouvement horizontaux ou au sol.

Lors d'un mouvement vertical, Kévin Jean mené par la main par Nina Santes évoque le vers de Diabologum dans "365 jours ouvrables", "Ne plus croire en la loi des échanges/de la fange qui a faim et du gratin qui mange/à part sortir quand c'est fini/ main dans la main de celle qui nous a choisi."

Au-delà des mouvements chorégraphiés et parfaitement réalisés des danseurs, on n'échappe pas à une certaine forme de provocation. Sans évoquer la nudité très présente en danse contemporaine, la sexualité demeure un des tabous de la société.

Sa représentation, sous forme de pornographie, demeure un créneau économique accepté, mais échappe au monde de l'art. On se souvient même que l'un des "Cycles masculins" d'Aude Du Pasquier Grall avait été interdite par le doyen de l'Université du Mirail à Toulouse car les oeuvres "n'étaient pas conformes aux exigences en milieu universitaire", car on y voyait un modèle masculin en érection.

Il suffit d'observer le public de cette représentation de " Libido Sciendi" pour se rendre compte d'une certaine gêne. Souvent les bras les jambes des spectateurs, hommes ou femmes, sont dans une posture de fermeture et de repli. Parfois leurs mains touchent et cachent leur bouche et leur nez, une spectatrice a même passé toute la durée du spectacle le bas du visage entièrement masqué sous son pull.

Peut-on estimer que Pascal Rambert, à travers cette chorégraphie, permet au spectateur d'accéder à une forme de connaissance malgré le trouble occasionné ?

Certainement non. Le plaisir vénérien ne se limite pas à la chorégraphie répertoriée de l'acte charnel, il implique une stratégie une attente fondée sur des souvenirs et sur l'espérance de reproduire un moment unique. De plus, la chorégraphie ne peut parvenir à créer la réaction physiologique du désir masculin, à savoir l'érection, absente ce soir-là de la représentation.

Mais peut-être Pascal Rambert pointe-t-il aussi le fait de la sexualité prend d'autant plus d'importance que, dans notre monde contemporain, les autres domaines sont en crise. Le nihilisme est le fait de tout maîtriser à l'exception d'une petite partie du réel, comme par exemple le nihilisme financier qui ne pense qu'au fric, le nihilisme toxicomane qui ne jure que par la prochaine dose, voire le nihilisme sportif ou footballistique.

On se moque alors de tout à l'exception d'une infinitésimale partie du monde. Le nihilisme sexuel, qui ne s'intéresserait qu’à sa satisfaction immédiate, ramène les individus, ici les danseurs, à leur situation de départ.

Avec "Libido Sciendi", Pascal Rambert montre que la sexualité est centrale, c'est le désir non vital le plus fort, mais que, en lui faisant occuper la totalité du terrain, elle ne débouche sur rien, sinon un plateau laissé vide. En effet, à l'issue de la représentation les deux danseurs regagnent leur place initiale, de nouveau vêtus.

Ainsi tout est sexuel, mais le sexe ce n'est pas tout. "Libido Sciendi" tend finalement à montrer que la sexualité est à sa juste place quand elle n'occupe pas toute la place.

 

Laurent Coudol         
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