Il me faut vous parler d'un groupe qui m'incite à croire que la fraîcheur et la spontanéité n'ont pas totalement disparu du monde de la musique rock. Il existe donc encore des jeunots (ils ont la vingtaine) qui ont la foi au point de la transmettre à leur public, et dès lors, les voir devient une expérience à part entière, un de ces moments primordiaux qui nous font nous sentir bien vivants.

C'est ce qui m'est arrivé lorsque j'ai croisé le chemin des Lookers lors d'un festival l'été dernier.

J'ai assisté à leur show sans a priori, de manière neutre. Seul le fait de les avoir trouvés sympathiques avant le concert dans les loges m'a fait avoir un avis légèrement positif alors même qu'ils entamaient leur set. Les Lookers ont opté pour l'énergie, mais une énergie positive. Un style très "cool" sans être du rock de hippie, juste un style qui vous met le sourire aux lèvres, mais attention, sans tomber dans la musique festive. Ils savent s'arrêter là où il le faut dans leur côté funky, comme l'ont fait plus tôt Gang of Four ou les Flamin' Groovies. Les Lookers sont Nicolas Caumont à la basse-chant, Mikel Toyos à la guitare-chant et Charlie Hollocou à la batterie.

On pourrait se dire : "encore un de ces power-trio sans originalité" et il est vrai que leur musique n'est pas vraiment originale. Mais on s'en fout royalement. Parce que ce qu'ils insufflent dans leurs chansons est beaucoup plus intéressant que l'originalité seule. Il s'agit d'émotion, de feeling. Même si, globalement, on peut les comparer à de multiples formations rock (Nerves, Undertones, Wire et consorts), ils sont uniques car humains, naïfs juste ce qu'il faut pour être frais, conscients de ce qu'ils font et ce qu'ils sont.

Les Lookers viennent de sortir un vinyle 6 pouces avec quatre chansons mélodiques et entraînantes. Vous pouvez le commander auprès de Bloody Mary Records. Même si ce premier disque n'est pas parfait, c'est un début plus que prometteur, et j'attends avec impatience leur premier album qui sera a priori enregistré cet été avec Ives Grimonprez à Saint-Etienne. S'ils continuent à travailler leurs chansons à la manière d'un artisan, avec passion, s'ils gardent cet état d'esprit, il se peut qu'ils se forgent une sacrée réputation dans le petit monde du rock indé, voire plus loin ?

Ils méritent une reconnaissance que les groupes français n'obtiennent pratiquement jamais. Leur atout ? Ils sont déjà populaires en Espagne, où ils jouent régulièrement depuis leurs débuts.

Si vous ne parvenez pas à commander le disque, allez jeter un coup d'oreille sur le net (youtube ou autre). Et s'ils passent près de chez vous, allez-y, s'il vous plaît, ils ont la classe sur scène ! Mais pas une classe "j'me la pète, j'me la donne". Non, c'est une classe naturelle qui émane d'eux, la franchise, je suppose.