Rétrospective Paul Vecchiali partie 2 : En Haut des marches (1983), Rosa la rose, fille publique (1988), Once more (1988), Le Café des Jules (1988)
Le 11 février 2015, une première "salve" de films de Paul Vecchiali était ressortie sur les écrans français, au moment où l'on projetait son nouveau film, "Nuits blanches sur la jetée" d'après Dostoïevski, montrant toute l'importance d'un cinéaste auteur d'une œuvre prolifique.
Si les films montrés en février dataient des années 1970, ceux qui ressortent maintenant sont plus tardifs et appartiennent à la période la plus fertile et la plus cohérente de Vecchiali.
On pourra ainsi voir ou revoir la jeune Marianne Basler dans "Rosa la rose, fille publique", sans doute l'un des films de Paul Vecchiali qui a eu le plus de retentissement.
Il faut dire qu'au début des années 1980, apparaissent des cinéastes qui se réclament de son cinéma, comme Jean-Claude Biette et Jacques Davila ou ont été ses assistants, comme Jean-Claude Guiguet ou Gérard Frot-Coutaz.
Fins lettrés et cinéphiles, aimant l'élégance des mots et des formes, ils ont aussi en commun avec Paul Vecchiali l'amour des acteurs, l'envie de perpétuer un cinéma français dans la tradition, entre autres, de Jean Renoir ou de Jean Grémillon.
Hélas souvent disparus prématurément, ils laissent Vecchiali seul, gardien à plus de quatre-vingts ans d'un certain cinéma français dont ses nombreux films témoignent de l'intérêt.
On reverra ainsi "En haut des marches" (1983) aux échos autobiographiques évidents, film-somme où Vecchiali dit beaucoup et offre à Danielle Darrieux, l'une de ses admirations adolescentes, un dernier grand rôle.
Plus expérimental, "Le Café des Jules" (1988) est une plongée sans concession dans la lâcheté et la "beaufitude", un film qui montre la face sombre des clients d'un café.
Alors qu'on s'attendait à ce que Vecchiali, le cinéphile nostalgique des grands seconds rôles, construise un bar lieu d'échanges et de solidarités, avec mots d'auteurs et numéros d'acteurs, il en décrit jusqu'à la nausée le côté "Hyde"...
Quant à "Once More", c'est une plongée presque fantasmée dans ces amours homosexuels, clé de bien des films de cette "mouvance" vecchialienne évoquée tout à l'heure.
Au gré de l'été, les films de la première rétrospective pourront s'agréger à ceux qui viennent de ressortir.
Ceux qui n'ont pas eu la chance de les découvrir ou de les redécouvrir au début de l'année ne devront, sous aucun prétexte, rater "Femmes, femmes" (1974) et "Corps à coeur" (1979). Si le premier est considéré comme le chef d'oeuvre de Vecchiali, le second se rapproche peut-être le plus de ce qu'il voulait faire.
L'un et l'autre, comme l'ensemble des nombreux films de Vecchiali, sont les témoins d'un cinéma personnel, un cinéma qui n'a pour l'heure ne fait plus beaucoup de bruit, mais qu'on se refusera à considérer comme un chemin de traverse ou une voie de garage du cinéma français.
Pour qu'une fois de plus, la lumière ne se fasse pas sur une tombe, il est grand temps d'avoir la curiosité d'en savoir plus sur ce cinéma viscéralement français sans que cette expression ait une quelconque connotation négative. |